L'atomisme d'Épicure

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‘sur Ja terre, dans la mer et au ciel (x). Donc, l’espace vide existe. La théorie qui nie l’espace vide et réduit le mourxement au déplacement et à la substifution des corps au milieu du plein est repoussée par Epicure (2), qui déclare inexplicable le commencement de ce mouvement. Ensuite il démontre la fausseté de la théorie qui, en niant le vide, réduit le mouvement à la condensation et à la raréfaction de la matière. Selon l'explication de notre philosophie, il est erroné de croire que deux corps se sont heurtés par suite de la compression de l’air, et puis ont rebondi, grâce à sa dilatation. En vérité, il se forme un vide qui se remplit graduellement. L'air ne peut se condenser; mais même si on suppose qu'une telle condensation peut avoir lieu, il est impossible que sans le vide l'air rapproche ses parties sous un volume moindre (3). Selon Epicure, les conps n'auraient pas de place sans le vide (4). Plus encore, sans le vide Jes corps n'auraient même pas pu être engendrés, parce que la matière, pressée de toute part, resterait inerte-(5). Retenant aussi la preuve de Démocrite pour l'existence du vide de la porosité des conps, Epicure soutient que les corps qui semblent les plus compacts (les rochers, les grottes, le conps animal, les arbres, les murs, les os) contiennent des vides (6). Par Je fait qu'il existe une différence sensible de poids parmi les corps de mêmes dimen-

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(4): CE De R. N. I, 329-549; I, 498,

(2) Cette théorie est mentionnée par Aristote dans Phys. IVe 2162027: CË. De R. N. I, 570-385, où Lucrèce réfute l'argument du grand ennemi d'Epicure Straton de Lampsaque (Simpl. Phys. 659, 99D), d'après lequel l'eau s'écarle devant les poissons et remplit l'espace derrière eux.

(3) CF. De R. N. 1, 584597. De cette théorie Aristote parle dans Phys. IV, 7, 24a, 59.

(® CE. DL. 40 ; De R: N. I, 426-498. « Tum porro locus ac spatium, “uod inane uocamus, si nullum foret, haut usquam sita corpora possent esse... »

(5) Ibid. I, 342-545. « ...quae, si non esset inane, non tam sollicito nou priuala carerent quam genita omnino nulla ratione fuissenf, undique materies quoniam stipata quiesset. » Cf. Ibid. I, 660-662, où se trouve l’atlir: mation que sans le vide tout se condenserait et formerait un seul corps.

(6) Cf. Jbid. I, 346-557. Voir aussi Ibid. VI, 936-958, où cette preuve est ‘confirmée par des exemples.