L'atomisme d'Épicure

Comme les atomes de Leucippe et Démocrite, tout en étant des réalités concrètes, sont des CYMLOTO » des figures géométriques, à la manière des pythagoriciens qui ont composé les figures géométriques de points (x), on voit bien que la doctrine des minima dans l'atome se trouvait déjà implicitement dans l’ancien atomisme.

Simplicius nous avertit que les atomes des anciens atomistes diffèrent par leur petitesse des corps visibles, composés de parties (2). Ce rapport a le même sens que l’analogie entre l'atome et le minimum sensible, établie par Epicure. La déduction d'Aristote que selon Démocrite on ne peut pas composer la matière étendue de points inétendus (3), — si on admet qu'elle exprime vraiment l'idée de l’atomiste — ne détruit pas notre thèse. Car nous avons vu chez Epicure que la réunion des minima ne peut former un atome, mais qe ïes minima existent dans l'atome indivisible. Donc le philosophe d’Abdère pouvait très bien imaginer ses atomes comme composés de points inétendus.

Peut-être Epicure, en se rappelant le développement du concept de la continuité chez Aristote (4), a élargi la notion du minimum, probablement bornée chez Démocrite à la matière seule, en l’appliquant à l’espace, au femps el au mou: vement (5). Peut-être le mérite d'Epicure consistait dans cet élargissement. C'est d'autant plus vraisemblable que Sextus (6) combat seulement Epicure comme le représentant de la discontinuité de la matière, de l’espace, du temps et du mouvement. Cette explication est plus plausible que celle d’'Arnim, qui dans ce fait voit la preuve pour sà thèse que le concept du minimum est propre à Epicure.

(1) Cf. Rivaud, Problème du devenir et la notion de la matière dans la philosophie grecque, p. 441.

(2) Arist. De Caelo, 294, 50.

(3) De gen. et corr. 1, 2, 516a, 13.

(4) CE Phys. NI, 1. =

(5) Par cela aussi Lpicure est le précurseur d'Evellin et de Petronievies, Cf. l'ouvrage cité d'Evellin et Ja Métaphysique de Petronievices, IL Abschnin, Erstes Kapitel, Uber die Zahl (S. 425-168); Drities Kapitel, über die Bewenung (S. 341-373).

(6) Adv. dogm. IV, 142.