L'atomisme d'Épicure
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que notre époque est en décadence. La terre qui à créé jadis les animaux sauvages aux Corps gigantesques, épuisée maintenant, enfante avec peine de petits animaux (x).
Le monde n’a aucune marque d'immortalité ; il n'est pas formé d’une substance solide qui peut résister aux chocs, comme les atomes : il n’est pas à l'abri deschocs, comme le vide; il n’est pas non plus comme l'éternité, en dehors duquel il n’y a ni lieu où ses parties puissent se dissiper, ni corps qui pourraient les désagréger (2). Dans notre monde le vide est mêlé aux atomes ; donc il n’est pas indestructible. Il y a des corps et des forces qui seraient capables de le faite périr, et ïl existe aussi des espaces vides immenses où les parties qui ont composé le monde peuvent se disperser. Donc la porte de la mort est ouverte pour les éléments dont le monde est composé (3). De plus, le feu et l'eau luttent dans l'univers avec des chances égales pour l’opprimer. D’après les légendes, une fois le feu a remporté la victoire, et une autre fois l’eau (les légendes de Phaéton et du déluge) (4).
L'écoulement de toutes choses était la conséquence nécessaire de la doctrine que tout dans l'univers est composé d'atomes. Les atomes sont dans un mouvement perpétuel ; donc rien de ce qui est constitué par eux ne peut posséder la durée éternelle, de nouveaux agrégats d’atomes se formant continuellement. Mais pour cela même que la formation des agrégats d’atomes s'effectue sans cesse, la perte du monde ne peut pas être définitive. Donc, après la dissolution de notre monde, d’autres mondes seront composés, qui ne dureront aussi qu'un certain temps.
Comme Démocrite, notre philosophe admet que la malière, aussi bien que l’espace vide, sont infinis. La nature a limité la matière par le vide, et le vide par la matière, afin de rendre l'univers infini. Même si l’un de ces deux éléments n'était pas borné par l’autre, il sera aussi à lui seul infini O6).
(1) C£ De R. N. II, 4150-1152. (2) CE Jhid. N, 551-565 ; III, 806-818. (5) CE Jbid. N, 364515.
(4) CE Ibid. N, 580-445. (5) Cf. Ibid. 1, 4008-1015.