L'Autriche et la Hongrie de demain les différentes nationalités d'après les langues parlées : avec de nombreux tableaux statistiqes et 6 cartes ethniqes

no

s’est pas produit, dans ces quarante dernières années, d'événement politique qui ait provoqué, parmi les peuples balkaniques, une agitation aussi considérable. Ils voyaient dans cet acte une atteinte à la valeur des traités internationaux que, quelques années plus tard, nous devions entendre déclarer de simples chiffons de papier. Non seulement cette annexion fut faite arbitrairement et en violation flagrante du traité de Berlin de 1878, mais encore elle tut préparée et exécutée dans des conditions d’une déloyauté tellement scandaleuse de la part du baron d’Aehrenthal, qu’elle souleva l’indignation de la TripleEntente et même de l’Italie, sans parler d’une réserve presque hostile de la part de l'Allemagne qui avait été à peine consultée. En d’autres temps, c’eût été un casus belli européen. La Russie, directement visée, dut s’incliner devant le fait accompli, car elle n’était pas prête. Sans entrer dans des détails, qui ne seraient pas à leur place ici, il n’est pas inutile de rappeler cependant, au seuil de mon étude sur cette région, que l’Autriche-Hongrie, en occupant la Bosnie-Herzégovine ne les a annexées ni à la Hongrie ni à la Cisleithamie. Elles furent considérées comme des terres d’empire, administrées directement sous la responsabilité du souverain; leur situation était la même que celle de l’Alsace-Lorraine par rapport au reste de l’Empire allemand.

Le dénombrement officiel de la population a été effectué en Bosnie-Herzégovine le 10 octobre 1910 et a fixé le chiffre total de la population recensée à 1.898.044 habitants. Sur ce chiffre, 1.783.453, soit 93,96 %, sont natifs de la Bosnie-Herzégovine; 46.859, soit 2,47%, appartiennent aux différents pays de l'Autriche; 61.151, soit 3,23 %, à la couronne de Saint-Étienne et enfin 6.581, soit 0,34%, à des pays étrangers. La majorité des Autrichiens, des Hongrois et des autres étrangers habitent les grandes villes, les centres industriels et, de préférence, les localités où il y avait précédemment des colonies étrangères.

Dans la capitale, à Sarajevo, les Autrichiens comptent pour 16,56%, les Hongrois pour 15,77 % et les autres étrangers pour 3 %. Dans la ville de Tuzla, les Autrichiens sont représentés par 14,01 % ; les Hongrois, 15,9 % ; les étrangers, 2,85. Dans la ville de Banjaluka on compte : Autrichiens, 9,96%, Hongrois, 10,91%. Dans la ville de Mostar (Herzégovine) il y a : Autrichiens, 9,16: Hongrois, 6,55%. Dans l'arrondissement de Prnjavor, les Autrichiens, les Polonais et les Ruthènes forment un bloc de 21,14% de la population totale de cet arrondissement. Dans certains arrondissements forestiers, on trouve un grand nombre d’ouvriers étrangers de cette catégorie, savoir : dans les arrondissements de Bosanski Petrovac et de Bosanska Krupa, on trouve 12,24% et 10,17% d'ouvriers forestiers hongrois. Dans l’arrondissement de Zepce, il 3 a6,49 % de forestiers autrichiens et 6,74 % de hongrois.

La question de la langue parlée a été posée pour la première fois lors du dénombrement de 1910. On s’est appliqué à apporter le plus grand tact dans cette question de façon à ne pas blesser la susceptibilité de personne et notamment des musulmans qui se trouvent dans des conditions un peu spéciales puisqu'ils ne parlent pas le turc. On sait, en effet, que ces musulmans sont des Serbes qui, à la suite de la défaite de Kossovo, en 1389, se sont fait musulmans pour garder leurs fiefs. Mais s’ils portent le costume turc et s’ils sont musulmans, ils n’en sont pas moins serbes, ne parlent que le serbe et célèbrent les fêtes orthodoxe. En eflet, sur 612.137 musulmans, il n’y en a que 2.289 qui