L'Autriche et la Hongrie de demain les différentes nationalités d'après les langues parlées : avec de nombreux tableaux statistiqes et 6 cartes ethniqes

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propre. D’autre part, il y a des groupements, attendus depuis longtemps, qui se feront tout naturellement, sans aucun heurt. Ils s’organiseront du jour au lendemain; car ils contiennent, en eux, tous les éléments d’une vie politique et sociale active et bien réglée. Il suffira donc de prendre la langue parlée comme criterium de cette évolution ethnique. C’est ce que j'ai fait, déjà, au cours de mon Mémoire et c’est ce que je vais faire, le plus brièvement possible, en forme de résumé et de conclusion.

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Trente et Trieste! Tel est le cri de ralliement des Italiens depuis longtemps. Non seulement le Trentin doit leur être donné, mais encore tout le Tirol italien jusqu’au Brenner. L’ltalie aura, ainsi, recouvré des frontières naturelles sérieuses et légitimes. Je me hâte de dire qu’elle a également des droits incontestables à reculer sa frontière frioulane jusqu’à l’Isonzo, Monfalcone et Gradisca. En ce qui concerne Trieste, j’ai montré que la question est beaucoup plus compliquée et beaucoup plus délicate.

Les longues négociations entamées par l'intermédiaire du prince de Bülow nous ont fait connaître que l’Italie ne borne pas ses ambitions à la possession du Tirol italien et à la rectification de ses frontières frioulanes. En effet, pour satisfaire au désir exprimé par le baron Burian, M. Sonnino a présenté, le 8 avril 1915, des propositions à l'Autriche, et voici le texte officiel des prineipaux articles contenus dans la pièce LXIV du Livre Vert (mai 1915) :

ART. Î. — L’Autriche-Hongrie cède à l'Italie le Trentin avec les frontières qu'avait le royaume d’Italie, en 1811, après le traité de Paris (28 février 1810).

ART. 2.— On procédera à la rectification, en faveur de l'Italie, de la frontière orientale en comprenant, dans les territoires cédés, les villes de Gradisea et de Gorizia. La nouvelle frontière part de la frontière actuelle à Troghofel, tourne à l'Orient jusqu’à l’Osternig, descend les Alpes Carniques jusqu’à Saifniz. Puis, par les contreforts entre Seisera et Schliza), elle monte au Wirschberg, suit à nouveau la frontière actuelle jusqu’à la Sella de Nevea, descend les pentes du Romhone jusqu’à l’Isonzo, en passant à l’Orient de Plezzo. Elle suit la ligne de l’Isonzo jusqu’à Tolmino, puis abandonne l’Isonzo pour suivre une ligne plus orientale, laquelle, en passant à l’est du plateau Prégona-Planina et en suivant le sillon du Chiappovano, descend à l’est de Gorizia et, par le Carso de Comen, aboutit à la mer entre Monfalcone et Trieste, à proximité de Nabresina.

Arr. 3. — La Ville de Trieste et son territoire, qui sera prolongé, au nord, jusqu’à comprendre Nabresina et à toucher à la nouvelle frontière italienne (Voir art. 2) et, au sud, jusqu’à comprendre les districts judiciaires de Capo d’Istria et de Pirano seront érigés en État autonome et indépendant au point de vue international, militaire, législatif, financier et administratif. L’Autriche-Hongrie renoncera à toute suzeraineté. Trieste devra rester port franc. Aucune milice italienne ou autrichienne ne pourra y pénétrer. [l prendra sa part de la Dette publique actuelle de l’AutricheHongrie, proportionnellement à sa population.

ART. 4. — L’Autriche-Hongrie cède à l’Italie le groupe des îles Curzolari, com-

prenant Lissa (et les flots de San Andrea et Busi), Lesina (avec Spalmadori et

Torcola), Curzola, Lagosta (avec les lilots et les écueils voisins), Cazza, Meleda et Pelagosa.

Par l’article 2, M. Sonnino a demandé la plus grande partie de la province de