L'Autriche et la Hongrie de demain les différentes nationalités d'après les langues parlées : avec de nombreux tableaux statistiqes et 6 cartes ethniqes

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neté territoriale, ces traités ont déterminé l’écroulement du système du SaintEmpire romain-germanique qui avait dominé tout le Moyen Age.

Depuis lors, nous voyons le droit à la vie nationale se manifester de toutes les façons, et l’idée de l’équilibre politique remplacer le règne de la force et l’isolement des nations. Cette idée domine l’histoire diplomatique jusqu’au moment où, sous l'influence des principes libéraux de la Révolution française, l’organisme social, enfin défini sous le nom de Nation, vint modifier la notion de l’État.

Il n’y a donc pas beaucoup plus d’un siècle que la question du principe des nationalités est à l’ordre du jour. On désigne sous cette appellation le droit que des agglomérations humaines, plus ou moins importantes, mais unies par une communauté d’origine et de langage, de coutumes et de traditions, de relations historiques, d’aspirations politiques et sociales, ont de se grouper en vue d'échapper à un joug étranger et constituer une nation, une patrie, dans toute l’acception moderne et élevée de ces mots.

Quand notre pays se détacha de la royauté, par la faute des rois, ce fut pour s'élever, d’un coup, à l’idée de patrie et à celle d'humanité. C’est l’honneur de la Révolution française, en effet, d’avoir formulé, solennellement, pour la première fois, ce principe, et de lui avoir donné une forme libérale empruntée à la philosophie du dix-huitième siècle, assez générale et humanitaire pour permettre à tous les peuples de l’adopter facilement. L’émancipation des citoyens, la conquête de l'indépendance et de l’unité, tout à la fois, avaient fait germer dans l’âme ardente des hommes de la Révolution, le désir de libérer les peuples opprimés et de faire renaître les nationalités disparues.

Mais, cette idée généreuse s’est retournée contre la France, lorsque Napoléon tenta de soumettre une partie des nations de l’Europe. I se produisit, alors, une réaction puissante contre le conquérant, et, pour secouer Sa domination, on fit appel au sentiment des nationalités pour soulever l’Europe contre le tyran. Il est vrai que plus tard, exilé sur son rocher de Sainte-Hélène, alors qu’il avait le loisir de philosopher, il disait : « Savez-vous ce que j'admure le plus dans ce monde? Cest l'impuissance de la force pour organiser quelque chose de durable. Il n’y a que deux puissances : le sabre et l'esprit. A la longue, le sabre est toujours battu par l'esprit. » [l est tout de même regrettable qu’il s’en soit aperçu si tardivement.

La France avait donc éprouvé, la première, les inconvénients d’avoir transgressé le principe des nationalités. Mais cela ne l’a pas empêchée d’en faire bénéficier les autres nations, chaque fois que l’occasion s’est présentée.

Ce fut, en effet, pour proclamer et soutenir la nationalité grecque que les Gouvernements français, anglais et russe signèrent, à Londres, le traité du 6 juillet 1827, C’est au nom du principe des nationalités que, le 20 octobre 1827, ils livrèrent la bataille de Navarin, chantée par Victor Hugo (1) et qui eut un si grand retentissement, car elle proclamait, à la face du monde, l’émancipation de la Grèce du joug des Turcs.

Peu après, la question de la nationalité polonaise fut mise à l’ordre du jour.

(1) La Grèce est libre, et dans la tombe Byron applaudit Navarin..….