L'Autriche et la Hongrie de demain les différentes nationalités d'après les langues parlées : avec de nombreux tableaux statistiqes et 6 cartes ethniqes

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La conclusion de ce petit tableau, c’est que les proportions ne se sont pas sensiblement modifiées. Les Polonais, les Serbo-Croates et les Roumains seuls ont progressé, les Polonais surtout; les autres ont légèrement diminué. À retenir, toutefois, qu’en Autriche même, la langue allemande a constamment perdu de son importance de 1890 à 1910, ainsi que je lai déjà fait remarquer. L’Autriche n’est donc pas, à proprement parler, un État germanique.

On peut même dire que s'il y a un Empire d'Autriche, il n’y a pas de nationalité autrichienne. Chacune des races, généralement hostiles les unes aux autres, dont l’assemblage chaotique compose l'Empire se considère comme une nation. Aucune affinité naturelle ne les pousse les unes vers les autres et leurs irréductibles différences ethniques et linguistiques ne permettent pas de les unir. Les peuples de l’Autriche, suivant la fiction officielle, sont les peuples de l'Empereur, dans un sens féodal. Il en résulte qu'il n’y a même pas une Autriche, mais seulement une monarchie des Habsbourg; monarchie despotique, féodale et de droit divin, qui n’est pas fondée sur la communauté de sang, de sentiment et d’aspiration avec le peuple autrichien, puisque ce peuple n'existe pas et que c’est une bigarrure de peuples divers qui en tient lieu. Il est donc fatal qu'ils aspirent à se séparer à la prochaine occasion favorable. On verra qu’il en est de même pour la Hongrie.

Les tableaux, ci-après, nous montrent que, d’une manière générale, la répartition géographique des langues en Autriche se fait de la manière suivante : La langue allemande est particulièrement répandue dans les provinces de Salzbourg, 99,73 %; Haute-Autriche, 99,69 %; Basse-Autriche, 95,90 %; Vorarlberg, 95,36 %; Carinthie, 78,61 %; Styrie, 70,49 %, et Tirol, 57,31 %; partout ailleurs, elle est en minorité.

Le tchèque se parle surtout en Moravie, 71,74 %; en Bohême, 63,19 %, et en Silésie, 24,32. |

Le polonais est la langue dominante de la Galicie, 58,54 %; c’est, à peu près, la seule langue parlée dans la partie occidentale de cette province. En Silésie, le polonais est parlé par 31,72 % de la population.

Le ruthène est surtout parlé dans la partie orientale de la Galicie : 40,19 %, et en Bukovine : 38,38 %. .

Le slovène est parlé par 94,36 % de la population de la Carniole; en Styrie, 29,37 %; en Carinthie, 21,39, et enfin par 32,22 % sur le littoral de l’Adriatique (Trieste, 29,81; Gorizia, 61,85; Istrie, 14,26).

Le serbo-croate est la langue parlée par 96 % de la population de la Dalmatie; c’est la langue dominante de l’Istrie, 43,51; car l’italien n’est parlé que par 38,14 %.

L’italien et le ladin sont parlés par 95 % des habitants du Trentin et par 43,09 % des populations du littoral (Trieste, 62,32; Istrie, 38,14; Gorizia, 36,06). a

Le roumain est parlé uniquement en Bukovine par 34,37 %.

Les Magyars, qui, au nombre de 10.000, habitent l’Autriche, sont en Bukovine où ils forment 43 % de la population.

Le tableau de la page suivante montre que, en résumé, les Allemands d’Autriche constituent un bloc compact de six millions seulement, savoir : BasseAutriche, Haute-Autriche, Salzbourg, Styrie, Carinthie, Tirol et Vorarlberg.