L'Autriche et la Hongrie de demain les différentes nationalités d'après les langues parlées : avec de nombreux tableaux statistiqes et 6 cartes ethniqes

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porte naturelle ouverte entre les deux parties des monts de Bohême, dans le voisinage de la Bavière. Ce sont les représentants les plus occidentaux du monde slave. C’est dans la région du mont Rip qu’on trouve le vrai type du paysan tchèque. « Le caractère original des Chodes a donné lieu aux théories les plus diverses sur leur origine. Autrefois Paul Stransky, et après lui Rüffer, Erben, Grabowski ont supposé que c’étaient des Polonais établis comme colons par Bretislav IT, mais leur dialecte n’offre pas la moindre trace de polonisme. L'originalité des Chodes s’explique suffisamment par la région montagneuse et isolée qu'ils occupent, par leurs traditions et les privilèges dont ils jouissaient, dès le quatorzième sièclé, comme gardiens des frontières (1). »

En dehors des Tchéco-Slovaques, on rencontre, en Bohême et en Moravie, de très fortes agglomérations de colons allemands appelés, jadis, dans le pays par les princes nationaux de la dynastie des Premyslides : 1° colons de race bavaroise dans les monts de Bohême (Sumava, en tchèque), dans les parties supérieures de Cheb (Eger), dans le district d’As (Asch), ainsi que dans l’ilot de Budéjovice (Budweïss); 20 colons de race saxonne dans les monts métalliques (Rudohori, en tchèque); 3° des colons de race silésienne le long du versant sud-ouest des monts Sudètes. L’extrémité méridionale de la Bohême, ainsi que l’étroite bande de terre qui limite le sud de la Moravie et la Basse-Autriche appartiennent également, par leur langue, au rameau allemand qu’on retrouve encore à Brno (Brünn) et à Jihlava (Iglau) dans la plus grande partie de la Moravie supérieure jusqu’à Olomouc (Ollmütz) et Novy-Jicin.

Le tabléau précédent et la carte qui l’accompagne indiquent la répartition géographique des langues parlées en Bohême et en Moravie par la majorité des habitants. J’y ai joint les circonscriptions de la Silésie autrichienne où le tchèque est parlé concurremment avec l’allemand. Le tableau numérique montre que sur 14% districts, 52, soit un tiers environ, parlent en majorité la langue allemande; mais cela n’atteint, en aucune façon, l’unité tchèque. Cela n’a rien de surprenant non plus, étant donné, d’une part, que ces districts, comme l’explique la carte ethnique, sont presque exclusivement situés sur des frontières allemandes, et, d’autre part, la pression séculaire, matérielle, morale et économique, exercée par les colons allemands immigrés, de l'Autriche, de la Bavière et de la Saxe pour germaniser les populations tchèques. Il est bien certain que lorsque les Tchèques auront recouvré, avec leur indépendance politique, la liberté absolue de l'usage de leur langue, lorsque l'éducation et l'instruction de la jeunesse se feront exclusivement dans la langue tchèque, sous l’œil bienveillant d’une administration nationale, lorsque la vie quotidienne politique, commerciale, industrielle, littéraire et artistique battra son plein dans le sentiment tchèque intégral, il est certain, il est même inévitable, que le parler allemand diminuera dans de fortes proportions et pour les mêmes raisons qu'il avait jadis progressé, c’est-à-dire sous le prestige des victoires allemandes. L'Autriche démembrée, les peuples germaniques abaissés, la Nation tchèque prendra son essor et les éléments admirables de civilisation et de culture qu’elle possède déjà, à un très haut degré, lui feront bien vite occuper, dans le monde. la place qui lui revient légitimement.

(1) Lusor N1EDERLÉ, L. e., p. 126.