L'Autriche et la Hongrie de demain les différentes nationalités d'après les langues parlées : avec de nombreux tableaux statistiqes et 6 cartes ethniqes

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de la Hongrie. Là, dans les Carpathes, se dresse une muraille qui sépare les deux groupes tchèque et slovaque.

«La région des Slovaques en Hongrie part de DEvinska Novaves (près de l'embouchure de la Morava dans le Danube), longe la frontière de Moravie et celle de Galicie vers Stropkov au nord de Zemprin. De STROPKOY, elle passe à BREZNICE, Papin, V. Remery, dans le comitat d’Urcoron (UNGvar), atteint Hura, le village slovaque le plus oriental, puis elle se replie vers l’ouest par Lucence, LEvice, VRABLE, d’où elle pousse une pointe vers le sud jusqu’à NOvÉzaAmMKY, puis elle touche GaLanra PREssBOURG et rejoint DEvinska Novaves. »

Je veux encore appeler l'attention, maintenant, sur certaines tribus slovaques qui se sont constituées en quelque sorte par dissociations avec d’autres éléments. « La plus respectable de ces tribus, dit M. Auerbach ( 1), et la plus authentique (car elle a‘conservé le plus intégralement l’idiome et les usages vieux-slaves), est celle des HorNyAKs ou montagnards dans les massifs que percent les jeunes eaux de la Waag et de la Nyitra (2). Ce sont, autant qu’on peut le conjecturer d’après la toponymie et les trouvailles des âges du bronze et du fer, sinon des autochtones, du moins les plus anciens colons des Carpathes centrales. Leur parler se rapproche du tchèque primitif; leur habillement : braies étroites, pourpoint blanc, klobak (chapeau slave), etc., est de façon archaïque. Les autres tribus sont moins pures et de moins longue possession d'état. Ce'les du petit pays de Zips, qu’ébrèchent les sillons de la Waag, du Poprad, du Hernad, se sont croisées de Saxons et de Ruthènes. Les Saxons, surtout mineurs, très nombreux depuis le Moyen Age, ont été, jusqu’à ce siècle, slovaquisés avec une évidente complaisance. Les Ruthènes se sont fondus avec les gens de la Magura qui tiennent d’eux une complexion physique plus faible. On les appelle TenoPpaques, d’après une particularité dialectale: ils prononcent TCHO (co) au lieu de rso (co). C’est encore un amalgame de Ruthènes, de Polonais et de Slovaques, que les Sozaxs, aux cheveux d’un blond pâle, établis dans le bassin du Boprac. Ceux-là disent so au lieu de rs0. »

Les Magyars déclarent que les Sloyaques sont un peuple inférieur. Ils devraient bien se souvenir que Louis Kossuth était d’origine purement slovaque. La vérité est que les Slovaques sont un peuple très doué: ils n’ont que le malheur d’être trop passifs. Vivant depuis dix siècles sous l’oppression des Magyars, le peuple est devenu indolent, apathique, succombant, surtout dans les pauvres régions montagneuses, à l’alcoolisme. Le sentiment artistique semble inné chez les Slovaques.

Le costume a été fidèlement gardé dans toutes ses parties avec son étrangeté nationale. Les jours de fête, par exemple, les femmes endossent des corsages d’étoffes éclatantes : rouges, verts, violets, ornementés de bandes d’autre couleur, de broderies, de passementeries. Elles revêtent des jupes courtes à nuances vives et à gais dessins, de hautes bottes de cuir noir montant au genou, semblables à celles des hommes, et, d’autres fois, fort élégantes en euir rouge vif.

(1) Les Races et les Nationalités en Autriche-Hongrie. Paris, 1898, chez Alcan, p. 271. (2) Comitats de Lipto, Arva, Turocz, TRENGSEN, partie septentrionale de Zoryom et Gümôr.