L'Autriche et la Hongrie de demain les différentes nationalités d'après les langues parlées : avec de nombreux tableaux statistiqes et 6 cartes ethniqes

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Edward Grey — a pour idéal d’assurer l’indépendance et l’existence nationale de chacun, dans la pleine lumière d’une liberté égale pour tous.

IX. — CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES SLAVES DU SUD OU

YOUGO-SLAVES

J’ai montré que, dans les zones montagneuses de la Bohème et de la Moravie, aussi bien que sur les deux versants des Carpathes, la lutte des peuples et des langues s’est faite entre les Allemands et les Slaves. Il en est de même dons la zone orientale des Alpes autrichiennes. D’un côté comme de l’autre, la frontière ethnique n’a cessé d’osciller de siècle en siècle.

« L'histoire nous apprend, en effet (1), que les Slaves des diverses familles occupaient autrefois la plus grande partie de l'Autriche Méridionale. Pendant le cours du septième et du huitième siècle, ils s'étaient avancés jusqu’à l’Inn et aux sources de la Drave. En certains endroits, ils avaient même franchi les Alpes pour descendre dans le Frioul et le Tirol italien. Toute l'Autriche proprement dite, au sud du Danube, était le domaine des Slaves. On leur donnait, en général, le nom de Vendes, nom que l’on réserve maintenant aux Slaves du Nord, et, spécialement, à ceux de la Lusace. Mais ils appartenaient à la famille des Slovènes ou Corutanes, appellation qui a fini par s’appliquer à la Carinthie et à la Carniole. Repoussés graduellement à l’est par les Allemands bavaroïs, les Slovènes laissèrent, çà et là, nombre de leurs colonies qui se maintinrent encore pendant plusieurs siècles, ainsi que le constatent des documents du Moyen Age. Peu à peu, le mélange s’est opéré entre les deux races : les Vendes et les Baïovares se sont unis en une même nation. Mais on aurait tort de croire que lélément germanique ait complètement absorbé l’élément slave. Par les traïts du visage, par les traditions et par les mœurs, par le caractère surtout, les Allemands autrichiens rappellent encore leur double parenté. Tout Germains qu'ils sont, ils diffèrent beaucoup de leurs frères de l'Allemagne Occidentale. »

Actuellement, la limite des langues gravite autour du majestueux Terglou (Triglav ou Tricorno, le Mont aux Trois-Têtes) d’où s’étend, comme on sait, une vue des plus grandioses, allant des blancs sommets des Alpes aux flots bleus de l’Adriatique. Trois centres habités représentant trois langues forment une Couronne autour du Terglou : 10 le village de Caporetto pour l'italien, dans la haute vallée de l’Isonzo; 20 Weissenfels, pour l'allemand, aux sources de la Save, et 39 Radmannsdorf, pour le slovène, au confluent de la Wurzener Save et de la Wocheiner Save. En réalité, c’est à Pontebba (Pontafel) — petite bourgade située à la frontière de l'Autriche et de l’Italie — que se trouve la borne ou la zone des trois langues; on y parle, en effet, indifféremment l’allemand, l'italien et le slovène. A l’est de Pontebba, cette limite linguistique court d’abord, nous dit Reclus, entre le bassin de la Gail et celui de la Drave, puis à l’est de Klagenfurt (Tseliovetz) elle va rejoindre, en Styrie, la ligne de

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(1) Élisée Recrus, Nouvelle Géographie unio., t. III, p. 169.