L'Autriche et la Hongrie de demain les différentes nationalités d'après les langues parlées : avec de nombreux tableaux statistiqes et 6 cartes ethniqes

AVERTISSEMENT

J'ai publié, dans le Journal de la Société de Statistique de Paris (numéros d'avril, mai, juillet 1915), une série d'articles intitulés : Les langues parlées en Autriche-Hongrie, par les différentes nationalités, d’après le dénombrement officiel de la population en 1910.

Ces articles ont paru, successivement, au fur et à mesure de l’avancement d’études scientifiques entreprises sous l'influence des terribles événements que nous vivons et dans le but d’essayer de les éclairer. Je me suis efforcé d'y voir et d'y voir clair, à la lumière des données précises et impartiales de la statistique et de l'anthropologie. L'étude consciencieuse el sans parti pris des groupements ethniques permet de fixer les desiderata légitimes que les Nationalités courbées sous un joug tyrannique sont en droit de formuler. Leur réalisation partielle ou complète dépend, naturellement, d'événements plus ou moins propices qui surgissent inopinément. On doit donc moins s'appliquer à faire naître des occasions qu'à profiter de celles qui se présentent. Leur succès dépend, aussi et suriout, de l'appui matériel et moral que les puissances politiques et militaires qui s'intéressent à ces Opprimés sont en état, sont désireuses ou sont sollicitées de leur apporter, au moment opportun et décisif. Telle est bien la partie angoissante qui se joue sous nos yeux sur l’échiquier européen. L'enjeu, en ce qui concerne l'Empire de Francois-Joseph, c’est la liberté ou l’asservissement de quarante millions d'hommes qui brâlent du désir de briser leurs chaînes et de conquérir où de maintenir leur indépendance et leur Nationalité distincte.

J'ai donc été entraîné, au cours de mes recherches, à envisager la solution politique probable que les événements militaires pouvaient faire prévoir. C’est dire que mes déductions ne sont pas sous la dépendance d'idées sentimentales préconçues. Elles ne s’inspirent naturellement pas de la froideur de l'indifférence. Dans une pareille mêlée, qui pourrait rester indifférent? Mais, je me suis efforcé de ne pas m'écarter de l'exactitude et de l'esprit