L'Autriche et la Hongrie de demain les différentes nationalités d'après les langues parlées : avec de nombreux tableaux statistiqes et 6 cartes ethniqes

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Je pense donc, très sincèrement, qu’il serait préférable pour les intérêts italiens de ne pas disputer Trieste aux Slaves du Sud et que son éinternationalisation serait une solution élégante, donnant pleine satisfaction à tous les intérêts en jeu. Mais enfin, si le drapeau italien doit flotter à Trieste, il faudra que disparaissent ces dissentiments factices, habilement créés et entretenus par les Autrichiens. Il faudra que Slovènes et Italiens vivent iraternellement, d'autant plus que là, comme ailleurs, plus que jamais, ils auront besoin les uns des autres. La situation politique une fois réglée, il restera, en effet, une difficile question économique à résoudre. Personne n’ignore à Trieste, moins que nulle part au monde, que, si Trieste était séparée de tout l’hinterland qu’elle dessert aujourd’hui, sa situation commerciale s’en ressentirait considérablement. Trieste a donc besoin de l’hinterland comme l’hinterland a besoin de Trieste. Une solution douanière loyale et généreuse devra donc intervenir, dans l'intérêt de tous. Lorsque Trieste sera entrée dans le sein de la grande famille italienne, elle ne devra pas oublier non plus, elle n’oubliera certainement pas, je l’espère, que les Slovènes, eux aussi, auront recouvré leur indépendance et feront partie intégrante de la grande famille des Slaves du Sud. Il faudra donc que ces deux nations, italienne et slave, se montrent déférantes l’une vis-à-vis de l’autre. Chaque patrie doit le respect à toutes les patries, grandes ou petites, surtout si elles sont petites. Lors donc que les Slovènes ou d’autres viendront, à Trieste ou ailleurs, s’abriter sous le drapeau de Savoie, ils y trouveront certainement aide et protection, surtout lorsqu'ils y apporteront le concours de leur intelligence et de leur activité.

Ce n’est qu’à ce prix que Trieste sera prospère et qu’elle aura chance de rester italienne.

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Les Slovènes constituent done une zone géographique parfaitement délimitée et, bien que peu nombreux, ils n’ont pas à redouter de perdre leur nationalité, parce qu’ils tiennent la province de Carniole tout entière et nombre d’importantes circonscriptions territoriales. D’un autre côté, le fameux plateau de Karst ou Carso, vaste désert de pierre, sépare complètement l’étroite bordure de vallons fertiles tournés vers Adriatique des immenses vallées arrosées par la Save et ses affluents. Il n’est possible de communiquer d’un versant à l’autre que par la seule brèche du col d'AbEeLsBErG. C’est donc là un point stratégique très important, même au point de vue linguistique. Depuis l’époque romaine, Ge col a été le grand chemin du commerce et des invasions. Il commande toutes les routes qui viennent d'Allemagne et aboutissent à LYuBLYANA (Laibach) pour, de là, se diriger sur Gorizia, Trieste et Fiume. Et M. Lubor Niederlé fait très Justement remarquer que la situation politique des Slovènes est fort importante pour la race slave, car ce sont eux qui interdisent aux Allemands de réunir l’Adriatique à la mer du Nord.

Reclus dit, avec beaucoup de justesse, que les Slovènes n’ont cessé d’être remués comme l’eau d’un détroit et que, malgré tout, ils ont gardé leur langue.

Grâce à des efforts persévérants des Allemands, le slovène était, il y a cinquante ans à peine, une langue absolument méprisée par les citadins; et la