L'Herzégovine : ouvrage accompagné d'une carte

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Nous ne sommes plus au temps où l’Angleterre considérait la Question d'Orient comme le principalintérêtde la politique britannique. Nous ne savons que trop, par la plus douloureuse des expériences, que l'Angleterre a pris le parti de se désintéresser des affaires européennes et qu'elle a, comme l’on dit, substitué la politique des échanges à l’ancienne politique des influences. Cette abdication de l'Angleterre est-elle définitive? De bons esprits en doutent, par la raison que, dans les affaires humaines, il n’est au pouvoir de personne, pas même d’une grande nation comme l'Angleterre, de faire ce qui lui plaît. Sans doute le problème de la Question d'Orient a perdu, aux yeux des politiques anglais, beaucoup de son importance, depuisque, par le percement de l'isthme de Suez, une nouvelle route, infiniment plus avantageuse que la route par la Syrie, a étéouverte vers l'Orient. Il n’en reste pas moins vrai que l'extension prodigieuse et subite de la puissance russe, par exemple, même par intermédiaires, pourrait causer à Ja Grande-Bretagne de graves difficultés, et tout porte à croire que l'Angleterre, si entichée qu'elle soit des principes de l’école de Manchester, ne se considère pas comme étrangère