L'Herzégovine : ouvrage accompagné d'une carte

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pierre et dont on s'était servi au diner, sont, on le sait, d'une taille toute spéciale.

Les Serbes ont gardé le culte des vieilles coutumes et vivent pour ainsi dire dans le passé. Depuis le xrv° siècle, ce peuple est demeuré enfermé dans la poésie. Son empire brisé, toute civilisation chez lui étant détruite, n’ayant pas de gouvernement national, pas d'institutions, pas de livres, il demeura invinciblement attaché par le souvenir à la période brillante de son passé, cherchant à resserrer et à relier entre elles les quelques traditions tronquées, les légendes plus ou moins fabuleuses qui étaient en sa possession. Il refit l'histoire par la poésie. Chanter fut pour lui un besoin, et ce goût est aujourd'hui encore tout aussi vif qu'il y à cinq siècles. Ces légendes et ces chants poétiques qui se créaient surtout dans le pays des montagnes, le Monténégro, la Bosnie, l’Herzégovine, rappellent par leur forme les chants des Homérides; ils étaient récités par des rapsodes, aveugles eux aussi — l’aveugle dans la passe Serbie signifie le poëte — et répétés par tout le peuple. Le style de la poésie serbe est éminemment épique. Cette poësie est surtout composée de fragments de récits,