L'Herzégovine : ouvrage accompagné d'une carte

L'HERZÉGOVINE 39

de l’armée, tous à cheval et la lance de bataille en main ; à leur tête sera Bochko Jugowitz, qui porte devant eux l’étendard de la croix; donne-lui de ma part le salut etla bénédiction; qu'il confie la bannière à qui il voudra, et qu'il reste près de toi dans ta cour. »

.... Militza, en effet, demande le lendemain à son frère Bochko de rester, mais il lui répond : « Va, sœur, à ta blanche tour! Pour moi, je ne retourne point avec toi; l’étendard ne quittera pas mes mains, quand même le ezar m'offrirait tout Krujevatz ; voudrais-tu que l’armée entière me montrât du doigt : « Voyez Le poltron ! voyez le âche Bochko,qui n'ose pas aller à Kossoyo, qui ne veut pas mourir pour la foi sainte ! »

.... Militza s'adresse au Jugowitz Woïno; et lui aussi refuse de rester dans la tour, et veut aller à Kossovo, La czarine alors tombe sur la froide pierre et s’évanouit.

Le lendemain, au point du jour, voilà deux corbeaux noirs qui s’envolent à tire-d’aile de la vaste plaine de Kossovo et qui s’abattent sur la blanche tour, sur la tour de l’illustre prince de Serbie ; l’un croasse et l’autre parle : « N'est-ce point la tour du glorieux prince, et n’y a-t-il personne dans la tour ?» Sur la tour on n'entend rien; mais à l'intérieur, la ezarine les a entendus; elle monteaussitôt sur la blanche tour et interroge ainsi les deux noirs corbeaux : « Dieu vous bénisse tous deux, noirs corbeaux! Dites-moi, d’où venez-vous si matin ? Serait-ce