L'Herzégovine : étude géographique, historique et statistique
LES PAYSANS ET L'AGRICULTURE. 107
Parmi les paysans, les plus heureux sont les musulmans qui cultivent à leurs frais; mais il faut tenir compte de leur apathie, de leur affaiblissement et de leur pauvreté croissante, avant de croire qu'ils sont mieux partagés que leurs confrères chrétiens : ceux-ci au moins travaillent, se multiplient et cherchent à acquérir.
Le colon fait lui-même sa maison, ses instruments et ses ustensiles de ménage. L'exploitation repose sur la vie en commun : le père reste toujours le chef de la famille, et lorsque les enfants se marient, ils demeurent sous le même toit.
Aux champs, hommes et femmes travaillent côte à côte : la culture des céréales est la plus importante ; la vigne n'est pas répandue partout; la pomme de terre n’a pénétré que très-tard; le topinambour, la rave, la betterave sont des raretés.
La nourriture se compose de laitages, de farinages et de viande fraiche ou boucanée. Lorsque l'extension de la famille le permet, un de ses membres va faire dehors le métier de kiradji (ou muletier). Les femmes tissent le chanvre et filent la laine dont elles font les vêtements de la maison : chemises, caleçons, pantalons, vestes, manteaux, jambières, plaids, etc.; les hommes font les chaussures, les ceintures de cuir, etc. ; aussi le commerce extérieur ou des villes n’a-t-il pas de débouché dans les campagnes. Le café, le sucre et la toile d'Amérique sont les seuls produits dont le paysan se pourvoie au marché voisin. Les gains de la famille restent à la maison, mais le plus souvent l’année n’est pas finie que déjà l’on esten avance sur le maître.
Les troupeaux et les pâturages sont la grande res-