L'Horticulture française : ses progrès et ses conquètes depuis 1789
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Déjà, Jean de la Quintinye (1626-1688), créateur du Potager de Versailles, procurait au « Roi Soleil», qui l'avait anobli, des légumes venus hors saison, par ses soins.
En 1735, le 24 décembre, le jardinier Lenormand, successeur de la Quintinye, offrait à Louis XV, gourmand de fraises, les premiers fruits d’Ananas récoltés en France. Cinquante ans après, Tassère, jardinier du duc d'Orléans, cultivait les primeurs à Bagnolet, et Fournier adoptait les panneaux vitrés dans son marais, pour le canfaloup et la patate. De 1788 à 1830, les maraïîchers de Paris et de la banlieue : Decouflé, Stainville, Quentin, Marie, Besnard, Debille, Ebrard, Jaulin, François, Dulac, Chemin, Marcès, Noblet, Gros, Piver, Robert, Vallette, Autin, Lenormand, commencçaient la culture forcée pour le marché et suscitaient des imitateurs.
L'art du primeuriste, lent à se développer, retardé par la tourmente révolutionnaire et les guerres européennes, avait donc repris son essor. Un puissant auxiliaire arrivait à point, le chauffage à Veau. Inventé par Bonnemain qui l’utilisait en 1777 à l'incubation artificielle, essayé en 1816 au Muséum, installé au Potager de Versailles en 1828 par Massey, inspecteur des jardins de la Couronne, le thermosiphon ne tardait pas à se perfectionner sous la conduite de primeuristes tels que les frères Grison, Gontier, Pelvilain, Crémont, Bergman, et tant d’autres. La province a suivi le mouvement, etle jardinier, tout en augmentant sa fortune, a grandi en considération. Moreau et Daverne () le constatent dans leur Manuel pratique de la culture maraïchère à Paris, ouvrage qui obtint en 1843 la médaille d’or de mille francs de la Société royale et centrale d'agriculture. Ces praticiens laborieux évaluaient la dépense en fumier d'un hectare de culture maraïchère ordinaire à
Ponce, maraicher à Clichy, et par Louis Boulat, maraîcher à Troyes; celui-ci inventait
en même temps le châssis à double versant; il est déjà répandu dans toute la France.
CAEN 48 Jamais on n'avait vu un convoi de simple jardinier aussi pompeux, suivi de tant de confrères et d'amis. .... », disail Poitean à la Société d’horticulture de Paris, le 17 décembre 1845, en rendant compte des funérailles de Daverne décédé
l'avant-veille, à l’âge de quarante-sept ans.