L'Unité yougoslave : manifeste de la jeunesse serbe, croate et slovène réunie
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D'ailleurs la monarchie dualiste active elle-même les préparatifs de conflit. C'est elle qui, au printemps de 1908, ouvre le procès monstre de haute trahison contre 53 Serbes de Croatie. La tendance de ce procès apparaît assez clairement dès les premiers mots de l'acte d'accusation : « Les Serbes sont les plus grands ennemis des Croates... » La même année, en automne, l'empire annexait la Bosnie-Herzégovine. Cet acte avait pour but de porter un nouveau eë terrible coup à l’idée yougoslave. Le régime dictatorial fut rétabli. Cette fois, afin d'abaisser le prestige de la Serbie, Vienne se servait d'une arme nouvelle : le trialisme. Il s'agissait de l'union de tous les pays yougoslaves d’Autriche-Hongrie en un seul Etat
croate, adjoint à la monarchie dualiste sous le ré-
gime de l'union personnelle. C'était un piège habile. On eût flatté les Croates dans leur tradition et leurs droits, en paralysant le rôle des Serbes, jusqu'à ce que Serbes et Croates fussent de nouveau brouillés. D'autre part, en promettant l'union par la voie parlementaire, le trialisme enrayait la nouvelle tactique radicale qui devenait dangereuse.
Mais cette fois la tentative de réaction n'eut pas de succès. En 1908, le mouvement yougoslave ne pouvait plus se résigner à se voir élouffé comme en 1815, en 1848 ou en 1878. La phase atteinte par ce mouvement était trop avancée déjà, pour qu'il fût question de tout arrêter. L’annexion elle-même, à la vérité, n'avait pas été une défaite ni un recul de l'idée yougoslave, mais un coup porté par surprise aux Yougoslaves qui se préparaient depuis 1903. En livrant bataille dès 1908, l’Autriche-Hongrie savait que ses adversaires n'étaient pas prêts. Il fallut donc éviter le conflit — et on y parvint, en effet, déjouant les plans de Vienne. Mais le plus clair résultat de la tactique impériale, dont l'apogée fui atteinte en 1908, fut d'exciter chez les Yougoslares plus de haine encore, jointe au désir de vengeance.
Les actes de l'Autriche-Hongrie, en 1908, qu'on sen