La Bulgarie : ses ambitions, sa trahison : accompagné des textes de tous les traité secrets et correspondances diplomatiques

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Djamboulad, directeur de la Sûreté publique à Constantinople :

Doiran, territoire serbe, 18/IX 4133 (1914), vendredi.

Honoré Ismaïl Bey,

Bien que nous soyons déjà arrivés ici depuis un mois, à la Kaza de Doiran, pour préparer l'autonomie de la Macédoine, nous n'avons jusqu'à présent reçu aucune information, tant au point de vue de l'exécution qu'au point de vue des opinions ni de la part de l’armée ni du Comité central. Notre lettre, adressée au Comité central, est restée sans réponse ; à en juger par la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement, il semble que nous piétinons sur place.

L'organisation est complètement prête dans les villages appartenant à l'Etat serbe et qui sont situés dans le rayon de Doiran : la milice se compose de 900 musulmans armés, de 1.500 non musulmans, ce qui fait en tout 2.500 âmes.

Lorsque nous sommes venus ici pour la première fois, le Comité central nous a dit que notre armée, déclarant la guerre à la Grèce et à la Serbie, libérera ces contrées en moins de vingt jours. Depuis, du temps s'est écoulé et les paysans se demandent à juste titre pourquoi on traine si longtemps.

Nous assumons, et vous assumez aussi, une grande responsabilité en répandant en vain le sang de milliers de nos hommes.

Nous ne connaissons pas la situation politique du gouvernement bulgare, mais il se tait et ce silence incite à de profondes réflexions. Ce qui est étonnant, et ce qui nous étonne le plus, c’estle retour de ceux qui étaient préposés à l’action révolutionnaire dans le rayon de Bitolia (Monastir).

On peut croire que la peur les fait agir ainsi, mais ily a probabilité que la politique n'y est pas étrangère.

Expliquez cette situation à Talat Bey. Au nom des Musulmans d'ici, nous vous prions de nous faire savoir catégoriquement : combien de tempsil nous faudra encore attendre, afin que nous puissions en aviser la population et calmer