La Bulgarie : ses ambitions, sa trahison : accompagné des textes de tous les traité secrets et correspondances diplomatiques

RE

nn

massacrent le peuple russe... Que vous a rapporté ce trafic, Bulgares, dites-le nous?

Alors que l'Europe, l'Asie et l'Afrique flamhent dans l'incendie d’une lutte meurtrière, vous étouffez les cris des moribonds, en vous plaignant de je ne sais quelles offenses. Audessus des gémissements des blessés, et par-dessus les tombes de vos frères, s’élève le chœur infime de vos meneurs usuriers. Lorsque dans la maison paternelle — qui est votre foyer aussi, Bulgares — la mort s’ayance et que les larmes des orphelins implorent le ciel — vous accourez avec quelques vieilles notes impayées, tout prêts à fouiller et à vider les poches de votre frère « débiteur ». Vous avez un cœur slave, mais un cerveau germain qui arrête vos gestes sacrés. O vous « politiciens réalistes », comment se nommeront désormais les tziganes qui fréquentent les foires ? Examinant les chevaux à la facon des maquignons, vous écartez les dents de la victime etla gratifiez d’un coup de genou dans le flanc : afin que l’honnête Bulgare ne se trompe pas, c’està-dire qu'il ne laïsse échapper avant l'heure le saint enthousiasme de l'amour fraternel !

Ecrasée sous la douleur, versant les dernières gouttes de son sang, la pauvre petite Serbie lutte encore pour sa liberté : assourdis par le tonnerre des monstrueuses batailles, aveuglés par les éclairs des canons allemands, peu de peuples se soucient encore d'elle. Son théâtre de la guerre est un petit théâtre de province, sur la scène duquel cependant les tragiques ne restent pas inactifs, témoin ces affiches déjà détrempées par la pluie qui avaient été collées sur des poteaux.

Maïs sur cette petite scène se répand également un sang chaud, la même mort fauche les héros, les mêmes larmes sont versées par les mères malheureuses. Et il me semble que personne ne souffre en ce moment aussi profondément, aussi cruellement et aussi effroyablement que ce peuple modeste, si éprouvé et à demi oublié. Tu es sa voisine, sœur Bulgarie! Bulgarie, tu n’as pas oublié ce peuple car, pendant, qu'une de tes mains est levée, les doigts écartés, tu tiens de l’autre le couteau prêt à frapper la gorge fraternelle ! Devezvous déjà frapper, Bulgares? Ce rôle sanguinaire de l’anéantissement moral que vous avez déjà joué une fois en l'hon-