La caricature anglaise au temps de la Révolution française et de Napoléon
LA CARICATURE ANGLAISE 505
inspire toujours, il retardera indéfiniment ce qu’on appelle d'un mot à moitié exact l'émancipation des catholiques, plus précisément leur égalité politique. Le menaçant capitaine avec lequel s'engage une lutte à mort, le pape vient de le sacrer empereur. Ce sacre lui-même, on le travestit en une procession grotesque de prélats romains ét de blanchisseuses changées en dames d'honneur. On ignore la mésintelligence secrète qui ne tardera pas à éclater entre le spirituel et le temporel. Quand le boulanger Bonaparte fait sa fournée de petits rois, et retire du feu un roi de Bavière, un roi de Saxe, un roi de Wurtemberg cuits à point, le geindre qui pétrit dans un coin de la boutique est un personnage mitré. On se figure, en cette Angleterre où les anciennes impressions populaires laissent des traces profondes, que l’on est à peu près revenu au temps de Louis XIV, que l'invasion méditée au camp de Boulogne sera une invasion romaine, et que par conséquent les whigs ou les modérés qui réclament l'égalité politique pour les catholiques sont des traîtres.
Aussi reparaissent et Fox et William Pitt, tous deux à la veille de leur mort prématurée, Fox toujours haï, dénoncé; Pitt décidément populaire. Et pourtant, cette question catholique, le grand ministre l'avait soulevée. C'est lui qui, en opérant l'union de l'Irlande avec l’Angleterre, c'est-à-dire en décuplant le nombre des catholiques du royaume britannique, avait rendu de plus en plus sensible l'injustice de leur situation. Mieux que personne, il avait compris cette injustice, et la réforme équitable qui s'imposait. Mais il y avait renoncé devant la répugnance populaire et le bigotisme protestant de George III; et l'on savait également gré au roi de son zèle, au ministre de sa concession. En revanche, nous voyons au milieu d'une procession cléricale Fox, toujours complice des