La caricature anglaise au temps de la Révolution française et de Napoléon

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jusqu'à la ceinture, et le jacobin Fox, avec une rage de bourreau, le flagelle jusqu'au sang. Accusation de trahison qui va S'aggravant d'année en année, tant l'opinion de l'immense majorité des Anglais en voulait aux rares députés de l'opposition, et à leur chef, de leurs sympathies françaises. Ceux-ci déclarent la paix nécessaire, mais à quelles conditions la feront-ils ? La Grande-Bretagne à genoux offre au sombre génie de la Liberté et de la Guillotine la couronne du roi George, son sceptre, la Grande Charte, résumé des vraies libertés nationales. Mais l’avide vainqueur réclame encore d’autres concessions. Fox, Sheridan, reconnaissable à son nez bourgeonnant d'ivrogne, d’autres whigs encore apportent, qui les clefs de la Banque, qui la suppression du Parlement, qui la reddition de la flotte.

Cette flotte, ou plutôt les deux flottes, celle d’Angleterre, celle de France, deviennent les personnages principaux du grand duel. Alors on impute à Fox des trahisons énormes. Simple plaisanterie que de le costumer en ministre du Directoire; voici qui n'est plus un jeu. La figure de Fox surmonte le french telegraph, ancien télégraphe aérien, avec ses grands bras. L'un des bras éclaire comme un phare la flotte d'invasion; l'autre bras lui indique le chemin de l'Angleterre, et dans le lointain la cathédrale de Saint-Paul à incendier. Aïlleurs, Fox sert de pilote à la flotte française: un souffle puissant fait reculer les navires agresseurs; c’est le souffle de Pitt qui redevient populaire, car après tout il est le défenseur de la patrie. Ses services s'imposent d'autant plus qu’on voit déjà poindre un général corse en qui la haine clairvoyante reconnait le futur ennemi, Dès 98, on s'attend à voir débarquer le jeune vainqueur de Rivoli. Un anonyme représente les dames anglaises, empressées à porter