La caricature en Angleterre. 3, Caricatures politiques : George III, Fox, Pitt, la Révolution française et Napoléon

CET REVUE DES DEUX MONDES.

gués suivant le mode de /a Vie parisienne. Cela s'appelle : Comment elles se donnent. Comment elles nous lâchent. Les enfans qu'elles ont, etc. Dans ce genre de littérature où elle avait d’illustres modèles, elle s’est fait une réputation des plus légitimes, car elle n’y est nullement inférieure à ses plus fameux devanciers. Ce qu’il y a d’admirable dans ce genre de livres, taillés tous sur le même patron, c’est qu'on y pourrait, sans faire tort à personne, brouiller les signatures. Mêmes procédés, mêmes types conventionnels, mêmes clichés tenant lieu d'observation et d'esprit, même pauvreté. Pourquoi M®° Marni ne s’est-elle pas contentée de transporter à la scène quelqu'un de ses dialogues parisiens ? Elle y eût sans doute obtenu, comme les camarades, un franc succès. Ses ambitions, qui restent infiniment louables, l'ont desservie. Elle a voulu tenter le sentimental et le dramatique. Je crains même qu’elle n'ait voulu mettre dans sa pièce quelque pensée : cela a tout gâté. Un M. Chaïsles a jadis violenté une jeune bonne, Manoune; il en a eu une fille, Geneviève. Me Chaisles, par dévouement et haute vertu, fait passer Geneviève pour sa fille et garde Manoune auprès d’elle. Tel est le point de départ. Il est assez déplaisant, ce point de départ. Qu’advient-il aux messieurs qui, ayant un intérieur de famille, violentent les jeunes bonnes? Voilà ce que nous ne sommes guère curieux de savoir. Faites-nous grâce de ces malpropretés. Que vaut d’ailleurs le parti auquel s’est rangée M"° Chaisles ? Est-il sublime ? Est-il saugrenu ? Que peut être dans une maison la situation d’une jeune bonne qui se trouve être la mère de la fille de ses patrons? Voilà autant de questions sur lesquelles nous Mmanquons tout à fait de moyens d'appréciation et l’auteur est libre de nous dire ce que bon lui semblera.

Au premier acte, nous assistons à cette extraordinaire vie d’intérieur. M. Chaisles, qui d’ailleurs est impotent, est tyrannisé par la ver-' tueuse, maïs revêche Mr° Chaisles. Est-il tenté d'élever la voix ou seu- . lement d'embrasser sa fille? on lui assène le souvenir de sa faute, comme on assène un coup de massue : il s’effondre. Le mieux en pareil cas est de mourir le plus vite possible, et M. Chaisles s’acquittera sans retard de ce devoir. Cet acte est presque entièrement rempli par une Séance de dames patronnesses que préside M®° Chaisles : on ne voit pas bien quel rapport cela peut avoir avec le sujet; le lien échappe. Maïs d’ailleurs il ne faut chercher à ce long épisode aucune espèce de lien avec l’ensemble; il ne relève que du bon plaisir de l’auteur, qui aurait pu tout aussi bien, si la fantaisie lui en avait pris, ou le supprimer, ou l’allonger, ou le remplacer par un autre. Au second acte, Geneviève flirte avec un littérateur. Quand même elle n’eût pas été la fille