La correspondance de Marat

nu INTRODUCTION

les victimes d’une destinée impitoyable. Des milliers qu'il dut écrire, un petit nombre seulement ont subsisté, les unes par quelque grâce du hasard, les autres par les soins mêmes de Marat. Si l’on fait abstraction, en effet, des lettres insérées par l’'Ami du Peuple dans ses journaux et dans ses pamphlets, que reste-t-il de cette volumineuse correspondance, une des plus actives qu'un homme public ait jamais entretenue? Aucune liasse n’a été conservée dans son ensemble. Les originaux autographes sont rares et isolés : il faut les rechercher patiemment, l’un après l’autre, dans les collections publiques ou particulières, sans autres points de repère que les brèves mentions des catalogues.

Ainsi la correspondance privée de Marat s’est trouvée presque complètement anéantie. Sa correspondance publique, c’est-à-dire les lettres qu'il adressa aux États-Généraux, à la Convention, aux tribunaux, aux corps constitués, suffiraient à elles seules à composer un recueil assez abondant. Mais, là encore, une sorte de destinée fatale a voué ces lettres à la destruction et à l’oubli. « J'ai écrit plus de vingt lettres à Nos Seigneurs des États-Généraux », dit Marat '. Une seule nous reste’; c'est lui-même qui nous l’a conservée. Un peu plus tard, en octobre 1789, puis en août 1790, nouvelles lettres à l’Assemblée : rien ne nous en est resté, pas même

1. L'Ami du Peuple, n° 13. 2, C'est la lettre datée du 23 août 1189.