La fédération de Pontivy et les Angevins : (1790)

te

de la gabelle, fixa le prix du sel à 30 livres le minot et supprima ces tribunaux de sang où les agents du fisc dévouaient à la mort ceux qui tentaient d'introduire une denrée nécessaire. Un cri terrible et universel de proscription s'est élevé contre la gabelle. Partout les barrières ont été renversées, les pataches détruites et les bacs brûlés ; les directeurs, les receveurs et les employés ont élé renvoyés.—Les municipalités de l'Anjou ont été convoquées. Si leurs représentants à l'assemblée générale qui a eu lieu le 6 octobre 1789 dans l'église des Oratoriens d'Angers, ont fait éclater leur haine contre la gabelle, ils ont en même temps cherché à procurer à la patrie des secours par les plus grands sacrifices. Il a été arrêté que l'impôt de la gabelle serait remplacé par une prestation pécuniaire, à raison de 60 livres leminot, prestalion qui serait libre et dégagée de tous frais de perception. Nous avons offert de payer d'avance les trois premiers mois de notre rôle et nous ayons nommé des députés pourporter à l’Assemblée Nationale nos vœux et nos sentiments de respect. — Nos offres ont été débattues, renvoyées au Comité de finance et au pouvoir exéeulif. Enfin, après les plus longues et les plus vives discussions, le Comité des Finances a fait son rapport le 27 novembre, tendant à recevoir notre remplacement. Quelques membres de l'Assemblée ayant attaqué le projet de décret du Comité, M. de Rœderer en demanda l'exécution et que le Comité présentât un mode uniforme de remplacement. Cette motion fut décrétée à une grande majorité. — Les travaux immenses du Comité des Finances ne lui ont pas encoré permis de proposer le mode de remplacement. Les agenis du fisc profitent de cette circonstance pour tenter de rétablir la gabelle. Des ordres ont été donnés aux officiers des greniers à sel pour enregistrer le décret du 23 septembre, modifié et suspendu par celui du 27 novembre, dont ils affectent d'ignorer les dispositions. On enjoint aux collecteurs du sel d’en verser le produit entre les mains des receveurs de la ferme. Les gens de la campagne qui paient déjà les sommes représentatives de l'impôt dans la caisse des receveurs citoyens nommés par l'Anjou, sont tourmentés d’inquiétudes et de craintes. Nos paroïisses limitrophes de la Bretagne, qui avant la destruction de la gabelle étaient le foyer de la contrebande et de tous les brigandages qui en sont la suite, frémissent de voir rétablir un fléau qui les a si longtemps