La France sous le Consulat
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collègues. Mais cette parure le gênait, et il cherchait à y échapper le plus possible. « Ses cheveux étaient coupés courts, plats et assez mal rangés. Avec cet habit cerise et doré, il gardait une cravate noire, un jabot de dentelle à la chemise, et point de manchettes; quelquefois une veste blanche brodée en argent, le plus souvent sa veste d’uniforme, l'épée d’uniforme aussi, ainsi que des culottes, des bas de soie et des bottes. Cette toilette et sa petite taille lui donnaient ainsi la tournure la plus étrange, dont personne cependant ne se fût avisé de se moquer ‘ ».
Pendant que la vie privée reprenait ses habitudes et ses usages, la vie en public continuait d'occuper une large place. Après la Terreur, les foyers étant détruits ou dispersés, les salons fermés, c'est au restaurant, au café, dans les bals d'hiver et les jardins d'été, aux promenades, au théâtre, que se sont rencontrés les survivants de l’ancienne société et les parvenus de la nouvelle pour savourer ensemble la douceur de vivre. Ces habitudes du Directoire se sont prolongées, mais en s’affaiblissant, sous le Consulat.
Les restaurants sont nombreux el très fréquentés. Il n°y en avait pas cent à Paris avant 1789 ; il y en à cinq ou six cents en 1804. Grimod de la Reynière, l'historien de la euisine et de la table de 1789 à 1814, attribue cette multiplication des restaurants à « la manie de limitation des Anglais, qui mangent à la taverne, et à cette subite inondation de législateurs sans domicile, qui ont entraîné tous les Parisiens au cabaret. En outre, la plupart des nouveaux riches, rougissant de leur subite opulence et voulant la cacher, n’osaient point d’abord tenir de maison ni afficher un luxe de table qui eût pu les trahir. » Les plus fameux restaurateurs sont : au Palais-Egalité, redevenu le Palais-Royal sous le Consulat, Robert, ancien cuisinier de l'archevêque d’Aïx ; Véry ; Naudet et les Frères Provençaux : près des Tuileries, Méot
1. M*° de Rémusat, Mémoires, I, p. 182.
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