La France sous le Consulat
LES GAFÉS 233
dont les diners sont exquis mais chers, Legacque et Véry frères. Les déjeuners à la fourchette, innovation du Directoire, se font surtout entre hommes, chez M"° Hardy, boulevard des Italiens, et au Rocher de Cancale, rue Mandar.
Les cafés étincelants de dorures, de glaces, de lumières pullulent sur les boulevards d’Antin et des Italiens : on y remarque le Pavillon de Hanovre, Tortoni, Frascati où les élégants du Consulat vont, « pour achever la soirée, prendre une tasse de thé en causant sur les victoires du jour. » Au Palais-Royal, les étrangers et les provinciaux visitent le café du Caveau ou du Sauvage, où un homme déguisé en sauvage, l’ancien cocher de Robespierre, disait-on, frappe en hurlant à tour de bras sur des timbales; le Café des Aveugles où un orchestre d’aveugles exécute une musique pour les sourds. A Paris, se sont multipliés les cafés populaires où les ouvriers jouent au billard et lisent les journaux politiques. En province, les cafés réunissent chaque soir les commerçants et les avocats.
Les bals publics ont tenu lieu de salons sous le Directoire ; on s’y presse, non seulement pour danser et se divertir, mais pour causer, intriguer, traiter des affaires sérieuses ou futiles. Pour les entrevues matrimoniales, le bal, à cette époque, remplaça le parloir du couvent d'avant la Révolution. On en compta bientôt plus de 600 à Paris : leur nombre et leurs visiteurs augmentèrent encore en 1799. Les plus renommés, vers ce temps-là, étaient : le Bal de l'hôtel Thélusson, Chaussée d’Antin, avec un magnifique salon circulaire pour les danses et une salle de concerts ; le Bal Richelieu, où s’exhibent les modes les plus récentes et les plus audacieuses, où « les femmes sont nymphes, sultanes, sauvages, tantôt Minerve et Junon, tantôt Diane ou bien Eucharis » ; le Bal de l'Hôtel Longueville, avec son orchestre conduit par Hullin, ses valses, ses trente cercles de contredanses, ses deux quadrilles de négresses près de l’entrée, ses fêtes du