La France sous le Consulat

284 LA FRANCE SOUS LE CONSULAT

dans la liberté ; la liberté trouve sa garantie dans les institutions républicaines conçues et appliquées selon le système de l’auteur. La littérature française, régénérée par les mœurs républicaines, se rajeunira par l'influence des littératures étrangères. Le second ouvrage, Delphine (1802), est un roman par lettres. Le peu de vie qui animait les personnages s’est retiré d'eux depuis que leursoriginaux ont cessé d’être présents à nos yeux ou à notre mémoire ; le coloris du style à singulièrement pâli; aujourd'hui l'intérêt du roman est dans la part d'autobiographie qu'il renferme, dans ce que M*° de Staël prête de ses idées et de ses sentiments à son héroïne.

Chateaubriand et M”*° de Staël apparaissent done juste au moment où la littérature classique semble épuisée par deux siècles de production presque ininterrompue : leurs théories et leurs œuvres renouvellent, d’une part toute la littéralure d'imagination, de l’autre la littérature critique et politique.

IV. = Les Beaux-Arts

Si, en littérature, le Consulat est une période de transition par l'apparition, en dehors de l'école classique, de deux écrivains qui sont les perécurseurs de l’école romantique, en revanche, dans les beaux arts, c'est l'école classique formée à la fin du xvur' siècle qui règne en souveraine.

Le goût du public s’est définitivement prononcé contre les fadeurs, la peinture molle et incorrecte de Boucher (1703-1770) et de Fragonard (1732-1806), contre la peinture mièvre et sentimentale de Greuze ? (1725-1805). La faveur est maintenant pour la peinture classique que caractérisent

1. Sur celte partie voir François Benoît l'Art Français sous la Révolution de

l'Empire, 1 vol. Paris, 1897, L.-H. May, éditeur. 2. Il expose encore aux Salons des ans VIII, IX, XIL.