La France sous le Consulat

LA MUSIQUE 291

de Haydn et celle des Italiens, n'obtient guère que des succès d'estime lorsqu'elle délaisse l’opéra-comique pour le grand opéra, les hymnes et les chants patriotiques, et, après le rétablissement du catholicisme, la musique religieuse. Son chef est Méhul ‘ (1763-1817), symphoniste de génie qui a compris l'importance du coloris instrumental. Lesueur * (1760-1837) est un harmoniste et un novateur : son Opéra ossianesque des Bardes (1804) ne réussit guère malgré l'appui de Bonaparte. Cherubini * (1760-1842) est un Italien francisé qui, éloigné du théâtre par l’antipathie de Napoléon, se tourna sous l’Empire vers la musique religieuse.

On voit par ce rapide coup d'œil sur l'ensemble du mouvement intellectuel en France pendant le Consulat que cette période, en y joignant celle de l'Empire avec laquelle elle se confond, ne mérite pas les accusations de pauvreté, de stérilité, d’'infériorité,que lui ont prodiguées maints historiens el critiques. Les savants ef les peintres français occupent alors le premier rang en Europe. Si l’école pseudo-classique semble irrémédiablement condamnée à la poésie prosaïque et à la prose insignifiante, en revanche on possède déjà avec Chateaubriand et M°*° de Sfaël, non seulement la promesse, mais des gages certains d’une renaissance littéraire. Il y à dans tout l’art de cette époque, en poésie comme en peinture, en musique comme en sculpture et en architecture, un sérieux effort vers les grands sujets etle grand style, quin'est certes pas méprisable. En un mot, la Mécanique

- Céleste, les Leçons d'Anatomie comparée, les Pestiférés de Jaffa, le Génie du Christianisme, sont dignes de figurer à côté de Marengo, de la paix de Lunéville et du Code civil.

1. Adrien (1799), opéra à grand spectacle, plusieurs opéras-comiques. Joseph, son chef-d'œuvre, est de 1807.

2. La mort d’Adam (1802).

3. Les deux journées (1800), drame lyrique ; Anacréon (1803).