La France sous le Consulat

MARENGO 53

par un ennemi bien supérieur en nombre, il s'était renfermé dans Gênes (21 avril 1800), décidé à y tenir jusqu'à l'extrémité. Cette résistance, qui fut poussée jusqu’à l'héroïsme, était le pivot de la combinaison de Bonaparte. Lorsque Masséna capitula, le 5 juin 1800, Bonaparte avait déjà franchi le PÔ et concentrait ses forces sur la rive droite du fleuve à Stradella. Le général Ott, envoyé par Mélas pour empêcher les Français de franchir le PO, se heurta contre Lannes qui le repoussa à Montebello (9 juin 1800). Mélas réunit toute son armée dans Alexandrie pour s'ouvrir la route de Plaisance. Bonaparte se porta sur Alexandrie dans la crainte que Mélas ne réussit à lui échapper.

Les deux armées se rencontrèrent, le 14 juin 1800, dans les plaines de Marengo. Bonaparte, qui a cherché à donner le change à l’histoire au sujet de cette bataille, à avoué lui-même que « toutes les chances pour le succès étaient en faveur de l’armée autrichienne ». En effet, à trois heures de l'après-midi, l'armée française était sur le point d'être coupée en deux, une moitié rejetée sur le P6, l’autre sous le canon de Tortone. Mélas était rentré à Alexandrie et avait expédié un courrier pour annoncer sa victoire à Vienne. Heureusement pour Bonaparte que le général Desaix, qu'il avait envoyé dans la direction de Novi à la récherche d’un corps autrichien qui ne s’y trouvait pas, entendant le canon, comprit ce qui se passait et rebroussa chemin. Arrivé sur le terrain Desaix jugea la bataille perdue, mais fut d'avis qu'on avait le temps d’en gagner une autre avant la fin de la journée. Une nouvelle attaque fut décidée. Desaix chargea, à la tête d’une de ses divisions, une colonne d'infanterie qui s’avançait pour ouvrir, à travers nos lignes rompues, le passage au reste de l'armée autrichienne. Il tomba frappé d’une balle; mais la charge continua ; la colonne autrichienne prise de front par l'infanterie, de flanc par la cavalerie, mit bas les armes. Nous reprimes l’offen-