"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (са посветом аутора)

42

CHAPITRE PREMIER.

information sur ce pays où il a situé ses personnages et où l’action se déroule. Mais le visiteur le plus assidu de la villa Alticchiero était un certain comte Benincasa. qui prit même, paraît-il. une part aux travaux littéraires de la comtesse de Rosenberg. C’est pour ses amis que l’auteur des Morlaques écrivait et faisait imprimer ses œuvres, évitant la grande publicité, agissant avec une ambition littéraire des plus discrètes et des plus mesurées ; aussi ses ouvrages sont-ils fort rares aujourd’hui et très recherchés des bibliophiles. » En voici la nomenclature : -1° Alticchiero, par M me J. W. C. D. R. [Genève, 1781 ?]

Cet ouvrage est la description détaillée de la villa appartenant au sénateur Quirini, et fut adressé en manuscrit à M. Huber, de Genève (ami de Voltaire), qui le fit imprimer à ses frais à un très petit nombre d’exemplaires. En 1787, Quirini en tira une nouvelle édition avec un très grand nombre de planches et une épitre dédicatoire signée par le comte Benincasa : Padoue, gr. in-4° de 5 ff. et 80 pp. de texte, avec un plan et 29 planches (British Muséum). Nous empruntons au baron Ernouf la description de cette originale demeure : « Moins somptueuse que ses orgueilleuses voisines, les villas Pisani, Foscarini, etc., Altiwhiero avait néanmoins son cachet et sa réputation à part. Une partie du domaine était consacrée à des expériences agronomiques; les jardins étaient dessinés à la française, suivant le goût alors dominant ; mais l’agréable y était partout sacrifié à l’utile avec une affection systématique et parfois originale. Les bosquets, les massifs, les avenues étaient exclusivement composés de beaux arbres fruitiers de toute espèce, et symétriquement décorés de statues des divinités du paganisme, de bustes de grands hommes anciens et modernes, notamment ceux de Voltaire et J.-J. Rousseau. On rencontrait là Hercule et Vénus dans un massif d’orangers, Mars de garde au milieu d’un carré de pastèques, et un autel dédié aux Furies, au rond-point d’une belle treille formant labyrinthe. Cette propriété si classiquement décorée avait encore une qualité qui passerait aujourd’hui pour un défaut aux yeux de bien des gens : tout y était aussi uni, aussi plat que régulier. Aucun mouvement de terrain, aucune inégalité malséante, même à l’horizon, n’y altérait l’harmonie et la précision des lignes. »