"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (са посветом аутора)

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CHAPITRE PREMIER.

inspiration ossianique ne se reflète pas seulement à travers le sanglant et sentimental carnage illyrien ; elle va. jusqu’à souffler, en certains endroits des Morlaques, la même poussière pseudo-archaïque que Macpherson étala sur sa prose rythmique. Mais cette double influence de Rousseau et d’Ossian n’était pas suffisante pour amener à elle seule, en 1788, fauteur de ce roman exotique à conclure que la civilisation moderne détruit le pittoresque, qu’elle « efface la physionomie » des peuples et des individus, qu’elle est néfaste à la littérature, qu’il faut partir pour les pays barbares à la recherche des héros originaux, pour donner, lorsqu’on les a trouvés, « l’idée juste » de leur manière de penser, de parler et d’agir, manière qui est « différente de la nôtre ». Quelque fortes que soient les influences littéraires, elles n’expliquent pas complètement les origines de ce livre peu commun. Il y a dans les Morlaques tant de passages vraiment beaux et qui trahissent, sous le cosmopolitisme d’esprit de l’auteur, une telle sensibilité féminine qu’il est impossible de ne pas voir combien profond et entier était l’amour presque hystérique réservé par l’excentrique comtesse de Rosenberg aux simples et pittoresques peuples « primitifs ». Il nous reste à examiner le soin qu’elle apporte à peindre ses héros, à brosser ses décors : Slaves dalmates, paysages adriatiques. Comme Mérimée qui, quarante ans plus tard, a choisi pour la Guzla les mêmes personnages et la même scène, la comtesse de Rosenberg n’avait jamais vu la Dalmatie. Ce qu’elle en sait, elle le sait de seconde main, et disons-le tout de suite elle en sait bien peu pour mériter les éloges décernés par l’abbé Cesarotti à sa prétendue exactitude. Charles Nodier qui avait vu la Dalmatie, et qui en parlait avec autorité, se trompe