"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (са посветом аутора)
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CHAPITRE PREMIER.
et de la Dalmatie, et Corinne, cette improvisatrice admirable, impulsive et éloquente, parle ainsi à son ami : « Cette Dalmatie que vous apercevez d’ici, et qui fut autrefois habitée par un peuple si guerrier, conserve encore quelque chose de sauvage. Les Dalmates savent si peu ce qui s’est passé depuis quinze siècles, qu’ils appellent encore les Romains les tout-puissants. Il est vrai qu’ils montrent des connaissances plus modernes, en vous nommant, vous autres Anglais, les guerriers de la mer, parce que vous avez souvent abordé dans leurs ports; mais ils ne savent rien du reste de la terre. Je me plairais à voir, continua Corinne, tous les pays où il y a dans les mœurs, dans les costumes, dans le langage, quelque chose d’original. Le monde civilisé est bien monotone, et l’on en connaît tout en peu de temps ; j’ai déjà vécu assez pour cela. . . Mais donnons encore, poursuivit-elle, un moment à cette Dalmatie; quand nous serons descendus delà hauteur où nous sommes, nous n’apercevrons même plus les lignes incertaines qui nous indiquent ce pays de loin aussi confusément qu’un souvenir dans la mémoire des hommes. Il y a des improvisateurs parmi les Dalmates ; les sauvages en ont aussi ; on en trouvait chez les anciens Grecs ; il y en a presque toujours parmi les peuples qui ont de l’imagination et point de vanité sociale; mais l’esprit naturel se tourne en épigrammes plutôt qu’en poésie dans les pays où la crainte d’ètre l’objet de la moquerie fait que chacun se hâte de saisir cette arme le premier; les peuples aussi qui sont restés plus près de la nature ont conservé pour elle un respect qui sert très bien l'imagination. Les cavernes sont sacrées, disent les Dalmates; sans doute qu’ils expriment ainsi une terreur vague des secrets de la terre. Leur poésie ressemble un peu à celle