"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université
LES ILLYRIENS AVANT « LA GUZLA ».
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IL faut se demander maintenant si Mérimée connaissait cet ouvrage, et si ce roman n’a pas inspiré la Guzlâ. La réponse qu’on peut faire est à peu près celle-ci : ZesJ/orZaÿUés n’étaient pas destinés au public, et le bibliomane Nodier qui en possédait un exemplaire, donné par l’auteur à lord Glenbervie, le jugeait « extraordinairement rare o en 1829 L II est donc fort douteux que Mérimée ait lu cet ouvrage avant 1827 s’il l’a jamais lu du moins nous n’avons pu trouver trace d’une pareille lecture dans la Guzla. quoique les ressemblances provenant d’une commune source ■— le Voyage de Forlis ne manquent pas. L’on verra que Mérimée n’ignorait pas les nouvelles illyriennes de Charles Nodier : Jean Sbogar (1818) et Smarra (1821); il serait donc intéressant de rechercher si Nodier, lui, connaissait les Morlaques. On pourrait dire alors qu’il existe dans la Guzla une certaine influence provenant indirectement des balladespastiches de la comtesse de Rosenberg. Ces recherches seraient d’autant plus utiles que, dès 1862, Paul Lacroix (bibliophile Jacob) remarquait un certain air de parenté entre ces productions 2 , et que tout récemment, M. Cur-
1 Ch. Nodier, op. cit.,p. 188. Cet exemplaire a appartenu, depuis, au prince d’Essling et, ensuite, au baron Ernouf, mort en 1887. Nous ne connaissons pas son possesseur actuel. Un autre exemplaire, marqué 70 francs, se trouvait au mois de juillet 1847 sur le catalogue de la librairie J. Techener à Paris (Bulletin du Bibliophile, 1847, p. 326). Un troisième, appartenant à Aimé Martin, a passé en vente en 1848. Les Morlaques se trouvent au British Muséum à Londres, ainsi qu’à la Bibliothèque Impériale de Vienne <; à Saint-Pétersbourg on en a deux exemplaires, dont l’un fut offert par l’auteur à Catherine 11. (Cf. la lettre du baron Korff au directeur du Bulletin du Bibliophile, sept. 1858, pp. 1226-1228.) La Bibliothèque Nationale ne possède pas cet ouvrage. 2 Bulletin du Bibliophile, 1862, pp. 1261-1262. Cf. aussi la notice du baron Ernouf dans le même journal, 1881, pp. 463-468.