La Macédoine
curiosité, assurait-il, à tout ce que nous achetions au buffet, dans les gares où le train s’arrêtait.
— Qu'est-ce que c’est que ça ? Du raisin ? Bravo | Tiens, tiens | Donnez-m'en quelques grains, je voudrais le goûter. Hein | C’est rudement bon ! Bravo |
Cette curiosité le poussait à faire connaissance avec toutes nos provisions, notre cognac et nos tabatières.
2 — Cet étui est en argent du Caucase ? s’intéressa Baya Gagno, dès qu'il s’aperçut qu'un de nous se préparait à allumer une cigarette.
— Non, c'est un produit viennois | répondit le propriétaire. — Pas possible | Fais voir | Oh, oh, oh, tiens, tiens | Ah, il y a du tabac aussi! C’est du tabac bulgare? Bravol Attends que j'en fasse une petite cigarette. J'ai du papier à cigarettes ; si vous en ayez besoin, vous savez, je suis là.
Qu'il était là, nous nous en apercumes bientôt, rien qu'à l'odeur de ses chaussures, au parfum spécifique qu'exhalait toute sa personne en transpiration et aux manœuvres bien calculées par lesquelles il se préparait à
envahir toute la banquette. Tout d’abord, il n'en occupait qu'un coin; petit à petit, il réussit à s'installer à son aise, et finalement il força trois d’entre nous à se réfugier sur la banquette d'en face, ne laissant sur sa banquette que l’un de nous, et encore très serré, pour qu'il puisse s'étendre à son aise. Curieux de voir jusqu'où il irait, nous décidâmes de le laisser faire. Il ne tarda pas à satisfaire notre curiosité.
— Recule un peu, que je mette l’autre jambe | Hein ! Bien ! Bravo ! Ah | nom d’un nom, c'est un vrai plaisir. Ecoutez la locomotive comme elle fait du bruit : teuf, teuf | Ce que j'aime à m'étendre comme ça. Là où j'étais, on était trop serré. Et puis, c'était aussi des gens ordinaires... Qu'est-ce que vous mangez ? Des poires, n'est-ce pas | Haïtes voir si je peux en manger
- une comme ça, couché. Merci ! Où en avez-vous trouvé ?
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