La Macédoine
le faire mieux saisir à nos lecteurs, nous en donnerons la description suivante, faite par un des meilleurs romanciers bulgares, Aleko Konstantinoff, dans son fameux roman sur « les Bulgares contemporains », qui porte comme titre le nom du héros, « Baya Gagno » GA
C’est l'histoire d’un Bulgare contemporain, tel qu'il apparaît dans toutes les manifestations de la vie sociale tantôt commercant, voyageur et représentant national à l'étranger, tantôt homme politique, et, tout naturellement, grand patriote. Il excelle dans cette dernière qualité lorsque, passant par la Serbie, à Nich et à Belgrade, il ne laisse pas échapper une seule occasion de dire tout. haut, aux premières personnes rencontrées, fussent-elles son garçon d'hôtel ou le porteur à la gare : « Vous tous, vous êtes des Bulgares ; seulement, vous voulez vous faire passer pour des Serbes. »
Entre autres choses, le récit nous donne une description bien vive et réaliste du sans-gène avec lequel le Bulgare s'efforce de s’imposer à tous et partout. Au commencement du récit, on nous montre Baya Gagno installé dans un compartiment de deuxième classe, se rendant avec un billet gratis, bien entendu, à une fête à Prague. Après avoir mangé et bu tout ce que les voyageurs de son compartiment avaient préparé pour le voyage, il les abandonne et se livre à des tentatives pour être admis dans la société de quatre personnes qui occupaient le compartiment voisin, de première classe. Tout d’abord, il trouve: des prétextes pour y entrer de temps en temps : en demandant une allumette ou bien un verre de cognac pour soulager des crampes d'estomac ; finalement, il s’'impose et ne sort plus du compartiment. Les premiers compagnons du voyage ont été vite oubliés ! Et, au fait, qu'aurait-il pu en tirer de plus ? Ils n'avaient plus rien; toutes leurs provisions étaient mangées, cependant que nous, nous avions de tout en abondance. Baya Gagno ne manqua pas une seule occasion de goûter, par simple
(4) Baya Gagno, histoire d'un Bulgare moderne, par A. Konstantinoff Sofia, 1895, pp: 25-25:
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