La patrie Serbe

LA PATRIE SERBE. Ur 200

nie et les Bulgares à la pauvre be trop jeune, trop vigoureuse pour mourir. La Russie était loin, Belgrade ne se trouvait pas sur la route de Constantinople. l'Angleterre pensait à l'Egypte, à Suez, aux Indes L'Italie songeait à Gorifza, à Triest. La France, très épuisée, se dévoua davantage. Seule, abandonnée, la Serbie soutfrit son agonie. Agonie probablement évitée, si on lui eût permis de déjouer à temps la manœuvre bulgare. Mais la-Bulgarie était tabou ! Afin de presser plus fortement sur la Serbie,les alliés lui notifièrent que, si elle attaquait la Bulgarie, — l'empêchant ainsi de se préparer —, ilsne feraient jamaisrien pour elle. En toute justice et pour disculper un peu les alliés, à leur maladroite conduite et à leur nonchalance il faut ajouter la mauvaise volonté systématique du roi Constantin. Le souverain, d'une main présentait des fleurs devant les icones des alliés et, de l’autre main, travaillait à leur perte, entravant sournoisement les débarquements, accordant, avecdes sourires, des promesses retirées aussitôt. Les réveries du roïluimontraient peut-êtrel’ébauche de Stamboul levant contre l'horizon bleu les dentelles légères de ses minarefs.

Le troisième facteur fut l'artillerie. Combien néfaste fut cette question. Les guerres actuelles sont des guerres de munibions et de matériel ; les alliés ont eu le tort de le comprendre trop tard. À cette erreur, qu'ils ont faite en comptant sur l'anciénne tactique, ils ont sacrilié des centaines de mille de vies humaines. On a mis des poitrines à la place des mitraïilleuses et des canons. Ces poitrines, transforméesen une bouillie saignante ef souifrante, étaient écrasées par les roues implacables des batteries ennemies, sans cesse en mouvement. Maintenant seulement nous voyons quelle économie de fantassins nous aurions pu faire. La cristallisation de la

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