La patrie Serbe
242 LA PATRIE SERBE é leversés où se levait parfois la menace d'un pan demur décharné. Des escaliers suspendus eénjambant les collines de débris, des boiseries rougeoyantes, achevaient de se calciner au-dessus des cadavres abandonnés. Le désordre le plus hétéroclite rassemblaït les formes mutilées des objets gachés ; on aurait dit le bric-à-brac monstrueux de quelque Titan devenu fou. Noircis. leurs pauvres visages crispés, desséchés, les soldats, suiloqués par l’haleine du feu, figuraient les démons de cet “enier. Les vagues ennemies frappèrent contre la digue opposée à leur force. Il y eut une nuit obscure ouatée de brouillard; nuit sans étoiles dont les opaques ténèbres se dissolvaient en lamentable pluie. Mettant à profit cette noirceur, les Allemands s’'insinuèrent à {ravers le fleuve sans lueur. Is pensaient trouver une ville déserte, mais se heurtèrent à la gendarmerie de Belgrade et à quelques bataïllons d'infanterie. La sauvage symphonie des batailles troubla alors les couches aériennes ; les appels stridents des coups de sifilet, les durs blasphèmes, les cris de ceux que l'on tuait au couteau,étaient couverts par les explosions et les crépitements des armes à feu Les rigoles charriaient.des filets de sang, les cadavres s amoncelaient sur les blessés qu'ils étouilaient. L'ombre des caves était pleine d'embüches ; aveuglés, les combattants se cherchaïent avec les pointes des baïonnettes, se pressentaient, se touchaient. Ils rencontraient d’abord une légère résistance puis leur baïonnette enfonçait dans un corps et un hurlement s'échappait avec une vie. Les ongles, les dents pénétraient les gorges, dont les cartilages craquaient, Dehors les scènes de carnage étaient abominables. C'était l'abime de la désolation comme la décrie le narrateur de Patmos. Les bomhes à main faisaient éclater les têtes autant que des grenades {10p