La patrie Serbe

218 LA PATRIE SERBE

la Serbie torturée. Ce gémissement s'harmonisait avec le murmure du Timok et les soupirs des chènes séculaires de la Choumadia ; il s’unissait au gazouillis des ruisseaux riant aux flancs du (Char Planina), à la berceuse chantée par la placide Morava, aux bavardages desfrissonnants roseaux du Vardar.Au ventde la course furieuse de la sauvage guerre, les bourgades s'alfaissaient, les fins minarets, traits d'unions tirés entre le ciel etlaterre s évanouissaient. Par milliers ies hommes s'endormaient pour toujours. Les unes après les autres, les villes meurtries étaient submergées par les envahisseurs. Les Bulgares ne tardèrent pas à couper la voie ferrée etles lignes télégraphiques communiquant avec Salonique. Bientôt il n y eut plus moyen decorrespondre avec la Roumanie. La vieille Serbie fut cernée par les ennemis,sur elle l'Allemagne jeta ses formations colossales. La nation: courait d'une étape à une autre étape, sa migration s'accomplissait au bruit du canon, sous les averses diluviennes, épaissies encore par les obus et les bombes d'aéroplanes. Les longues files de chars, couverts de tentes, serpentaient aux orées des bois, s'embourbaient dans la fange des chemins. Les bœufs patients, usaient leur vigueur à traîner tant de matériel parmi les fondrières etles ruisseaux changés en rivières. L'armée protégeait la retraite des fugitifs, les régiments se sacriliaient, couvrant de leurs corps la route de l'envahisseur obligé de passer sur leurs cadavres. Les imprenables délilés tels celui de Katchanik furent tournés. Iln'y eut plus rien à tenter. Le peuple espérait quand mème. Il attendait les alliés. Des nouvelles fausses étaient lransmises par des imaginalions surexci= iées : Les Russes débarquaient en Roumanie... Les Français avaient lait leur jonction avecles troupes de Macédoine... La délivrance n'élait{jpas éloignée. Mais le