La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

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un rapport de Condorcet sur l’enseignement. Ce travail très important est caractérisé à la fois par sa hauteur philosophique et ses tendances pratiques.

Le projet comportait quatre degrés d’enseignement, depuis les écoles primaires jusqu’à l'Institut. Condorcet et ses amis girondins avaient compris que l'instruction du peuple était le vrai moyen de détruire la superstition. Les sciences et la raison, la connaissance des droits de l’homme, et des lois naturelles, telles devaient être les bases de l’enseignement national.

En décembre 1792, la Convention discuta un projet de son Comité d'Instruction publique sur lorganisation des écoles primaires. Ce projet présenté par Lanthenas, alors ami des Roland, était conçu selon les vues de Condorcet : il établissait un enseignement gratuit, commun à tous les enfants, sans aucune distinction de culte ; le prêtre ne pouvait devenir instituteur et ce qui concernait les cultes ne devait pas être enseigné dans l’école. Le projet était basé, comme on voit, sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat en matière d'enseignement ; il fut naturellement accueilli avec défaveur par les prêtres et évêques constitutionnels qui siégeaient à la Convention, mais Jacob Dupont s’écria hardiment, le 14 décembre : « Il est plaisant de voir préconiser une religion adaptée à une constitution qui n'existe plus. En vain Danton, nous disail-