La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

CHAPITRE X

La Terreur, Cultes de la Raison et de l’Etre suprème

« On a cherché à consommer la Révolution par la terreur ; j'aurais voulu la consommer par l'amour...

Je n'ai pas pensé que semblables aux prêtres et aux farouches ministres de l’Inquisition, qui ne parlent de leur Dieu de miséricorde qu'au milieu des bûchers, nous dussions parler de liberté au milieu des poignards et des bourreaux. — Vergniaud : Discours du 10 Avril 1793. » :

« Ils n'ont dit : choisis d’être oppresseur ou victime, J'embrassai le malheur et leur laissai le crime ! Condorcet : Epitre à sa femme. »

Les plus grands crimes politiques sont généralement commis au nom de la raison d'état. Sous la Terreur, cette raison d'état prit le nom de « Salut public ». Certes, nous voulons bien reconnaître avec M. Aulard que les plus sincères terroristes croyaient agir par patriotisme. Mais leur patriotisme était bien mal éclairé : ils prétendaient détruire tous les obstacles, et cependant, en attisant sans cesse le feu de la guerre civile, ils prolongeaient une crise qui pouvait perdre la République.

D'ailleurs la mentalité des terroristes est absolument opposée au véritable esprit de la Révolution française. Y a-t-il une plus grave erreur que de vouloir établir un régime de liberté par les méthodes qui mènent directement à la tyrannie? Au point de vue politique, on tombe dans

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