La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

142 CONCLUSION

s’élevant à la hauteur des philosophes ? Grave problème qui n’est pas prêt d’être résolu. Quinet, dans son admirable livre sur la Révolution, a bien posé cette question et l’a développée avec éloquence ; mais la réponse est restée suspendue au bout de sa plume, l'historien évitant de S’égarer dans les brumes d’un avenir lointain.

Constatons d’ailleurs un fait curieux dans la psychologie de ces foules modernes qui peuplent les cités ouvrières : leur sentiment prend la force et la tournure d’une foi religieuse. Comme sous le charme d’un rêve mystique, ce prolétariat voit déjà le Paradis descendu sur la Terre, il écoute ses tribuns comme de nouveaux messies.

Quant aux penseurs qui prétendent répudier à la fois les traditions de l’ancienne société et tout idéal démocratique, ceux-là même ne sont Pas exempts d’une certaine religiosité. Avant que son prophète Zarathoustra annonce la fin des dieux, Nietzsche s’écrie, dans sa « Gaie science » :

« S'il faut, Ô émigrants ! que vous preniez la mer, la force qui vous pousse, vous aussi, c’est une religion ».

Nous autres, comme les émigrants de la Gaie Science, nous avons quitté pour toujours les rivages de l'antique foi, où se complaisaient nos pères. Ce n’est sans doute pas pour suivre l'idéal surhumain de Nietzsche, ni même pour