La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

152 POLITIQUE RELIGIEUSE DE LA RÉVOLUTION

2° Prières publiques et 1°" Consistoire des Cardinaux à Rome

« Nous avions d’abord résolu de garder le silence, dans la crainte d’irriter encore ces hommes inconsidérés par la voix de la vérité, et de les précipiter dans les plus grands excès. Notre dessein était appuyé sur l’autorité de St-Grégoire-le-Grand, qui dit qu'il faut peser avec prudence les circonstances critiques des révolutions, pour ne pas laisser la langue se répandre en discours inutiles dans les occasions où il faut la réprimer.

Cest à Dieu que nos paroles se sont adressées ct nous avons aussitôt ordonné des prières publiques pour obtenir de l'Esprit-Saint qu'il daignât inspirer à ces nouveaux législateurs la ferme résolution de s'éloigner des maximes de la philosophie du siècle, et de s'attacher invariablement à ces principes salutaires auxquels la religion les rappelle.

« En cela, nous avons suivi l'exemple de Suzanne, qui, selon l'observation de St-Ambroise, fit plus par son silence qu’elle eût pu faire par ses paroles ; elle se taisait devant les hommes ; mais elle parlait à Dieu : lors même qu'on n’entendait pas sa voix, sa conscience était éloquente ; elle ne cherchait pas le jugement et l'opinion des hommes, parce qu'elle avait pour elle le témoignage de Dieu.

« Nous n'avons cependant pas négligé d’assembler en consistoire nos vénérables frères les cardinaux de la Sainte Eglise romaine, et les ayant convoqués le 23 mars de l’année dernière nous leur avons fait part des atteintes que la religion catholique avait déjà reçues en France ; nous avons épanché notre