La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

DÉCRETS DE L’ASSEMBLÉE CONSTITUANTE : 17

nerre, député de la noblesse de Paris, dans son « Opinion sur les biens ecclésiastiques », avait exposé clairement que la religion et l’état ont leurs domaïnes distincts ; il en concluait que les dépenses du culle ne peuvent être exigées de ceux qui ne le pratiquent pas.

Séparer les églises de l’état, c’est bien la solution la plus logique de la question religieuse : laisser à chaque citoyen le soin de salarier le culte qui lui convient, ou le laisser libre de n'en payer aucun, quoi de plus simple en apparence ? Cependant ce système si équitable ne pouvait être pratiqué dans notre pays, encore trop habitué au système de la religion d'état ; lopinion publique n’y était pas préparée. Aussi l'avis de Clermont-Tonnerre passa presque inaperçu. Furieux d’ailleurs de la reprise des biens d'église, le clergé s’efforçca de ranimer le fanalisme, en cachant ses préoccupations égoiïstes sous le manteau de la religion. Le décret d’affranchissement des Protestants et l'élection de Rabaut Saint-Etienne à la présidence de l’Assemblée furent une réparation éclatante du passé, mais portèrent au comble la rage et la passion contre-révolutionnaire des prêtres. Dès le mois de mars 1790, ils allument la guerre civile dans le midi ; à Montauban, des protestants sont assassinés ; à Nîmes, les deux camps sont en lutte ouverte. Cette guerre civile dure jusqu’en