La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives
LIBERTÉ DE CONSCIENCE 43
« Ils se présenteraient à vous, teints encore du sang de leurs pères, et ils vous montreraient l'empreinte de leurs propres fers. Mais ma patrie est libre, et je veux oublier, comme elle, et les maux que nous avons partagés avec elle, et les maux plus grands encore dont nous avons été les victimes. Ce que je demande, c’est que ma patrie se montre digne de la Liberté, en la distribuant également à tous les citoyens, sans distinction de naissance et de religion ».
Rabaut Saint-Etienne ne pouvait défendre plus noblement cette cause qu'il considérait comme sacrée. Son discours fit impression sur ses collègues et eut un grand retentissement. Cependant le texte proposé fut entièrement adopté.
La Constituante se montra d’ailleurs fidèle aux principes qu'elle avait proclamés dans la déclaration des droits. Dès le 24 décembre 1789 elle décréta l’admission des non-catholiques à tous les emplois civils et militaires. En affranchissant complètement les Protestants, puis ies Juifs, elle eut la gloire de supprimer toute distinction fondée sur les opinions religieuses.
Le décret du 10 juillet 1790 restitua aux héritiers des Protestants les biens qui leur avaient été confisqués. Les Constiluants voulurent même effacer jusqu’au souvenir odieux de la révocation de l’'Edit de Nantes : ils rappelèrent en France les descendants des familles qui avaient échappé aux persécutions des règnes de Louis XIV et
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