La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales
12 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE. DE PARIS
quitter Paris. Pour obtenir un passeport, il faut d’abord l'aller demander à sa section; c’est tantôt le comité de la section, tantôt l'assemblée même de la section qui accorde ou refuse : Accordé, votre passeport est envoyé à la mairie; là un officier municipal juge à son tour si vous sortirez ou non. Cet officier doit, s’il refuse, énoncer par écrit les motifs de son refus; c'est toute la garantie que l’on a contre son arbitaire.
En ce temps-là nombre d'hommes de peu d'instruction et d'éducation exercent les fonctions de membres des comités de sections, ou influent dans les assemblées de leur section. Ces gens sont ombrageux, soupçonneux soit par nature, soit plus souvent par un caractère qu'il est alors de mode d’affecter. Il n’est ni agréable ni sûr d’avoir affaire à eux. Beaucoup de personnes, qui voudraient sortir, n’osent pas demander un passeport, de peur qu’une dénonciation ne soit portée contre eux, à raison de leur passé ou de leurs relations de famille, de société, et ne leur vaille, au lieu du passeport, une arrestation : et leurs craintes ne sont pas du tout chimériques. En dehors des personnes, qui font profession d'amener à Paris des denrées de première nécessité, tout individu qui demande un passeportdans ce moment estsuspect par cela même.
Par arrêté du 12 août « Défense (aux sections) d'accorder aucun passeport excepté aux personnes chargées de l’approvisionnement de Paris ou qui seraient porteurs de décrets de l’Assemblée nationale. Tout ciloyen envoyé officiellement hors de Paris sera accompagné jusqu'aux barrières d’un membre de la Commune, afin que ce citoyen ne livre pas son passeport à un autre dans le trajet de la mairie aux barrières. » Ainsi un décret de l’Assemblée ne sort de Paris qu'avec l’escorte d’un membre de la Commune et comme par la permission de celle-ci.
La Commune tient donc tout Paris (les membres de l’Assemblée eux-mêmes) en chartre privée‘. Par quels motifs
1. Voir la lettre de Tallien à l’Assemblée, le 25 août, el le train que celle lettre fait à l'Assemblée.