La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales
ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 13
désire-t-elle si vivement retenir dans Paris ceux qui voudraient s'en aller?
Elle craint, à ce qu'elle dit, la sortie des mécontents qui, selon elle, iront calomnier Paris dans les provinces; elle craint la sortie du numéraire. La Commune n’apercoit pas
w’en fermant Paris elle va confirmer et étendre les mauvais bruits qui courent en province sur le compte de Paris. Empêcher le numéraire de sortir est une crainte puérile. Voici une autre raison bien plus étrange (dans la séance du 14 août, une députation de la Commune, conduite par le maire Pétion, se présente à la barre de l’Assemblée nationale) :
« L'Assemblée nationale a décrété qu’il serait accordé des passeports. Une foule immense entoure la Commune (en réclamant des passeports). Nous demandons qu'il n'en soit accordé qu'aux gens qui approvisionnent Paris et les armées et aux négociants qui présenteront leurs patentes. L'objet de cette loi, que nous demandons, est de retenir à Paris cette foule de scélerats, qui cherchent maintenant à se soustraire au châtiment dû à leur trahison. Il y a eu ce matin 540 passeports distribués; et l'administrateur de cette partie, qui n'est pas suspect, nous a dit qu'il avait reconnu plusieurs de ces. conspirateurs qui ont voulu tuer la liberté. »
Entendons que cet administrateur, qu'on peut très bien suspecter d'intolérance politique, a reconnu, parmi les demandeurs de passeports, tout simplement des gens qu'il tient pour aristocrates ou royalistes.
L'Assemblée renvoie au Comité de surveillance pour en faire le rapport demain matin. Ce rapport, c'est Bazire (montagnard) qui le fait le lendemain matin, 15 août. Bazire déclare que le Comité de surveillance de l’Assemblée n’a pas cru qu'il y eut lieu à faire une loi sur les passeports; il propose au nom de ce Comité de s’en rapporter à la vigilance de la Commune de Paris. — C'est accorder à la Commune mieux que la loi qu’elle demandait, puisqu'on s'en remet entière-