La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales
26 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS
idées qui ne soit fausse et même invraisemblable, jusqu'à l’absurde.
Je n'ai pas à raconter le combat du 10 août. Je crois qu’il est difficile de savoir avec certitude qui du peuple ou des Suisses a porté le premier coup, une fois en présence. En ces sortes d’affaires, les témoignages, ceux même des acteurs, sont de peu d'autorité. Mais ce que nous savons avec certitude c’est que le peuple des faubourgs s'est présenté aux Tuileries, ayant des fusils à la main, et traîinant avec lui des canons; ce ne sont pas les Suisses qui sont allés chercher le peuple dans ses faubourgs; il me semble donc bien que les assaillants ne sont pas les Suisses ni, par suite, le Roi ou la Cour.
Et le peuple est venu dans quelles intentions? Il voulait pénétrer dans la demeure royale de gré ou de force, imposer au Roi la déchéance, l’'emprisonnement, peut-être pis encore. Les Suisses, officiers et soldats, liés par l’obéissance militaire, ont dû s’opposer à l'entrée des assaillants.
Que les premiers de ces assaillants aient attiré à eux quelques Suisses, par persuasion ou par ruse, peu importe; du moment que les chefs et les soldats en majorité voulaient rester fidèles à leur consigne et défendre les Tuileries, ils ont dû employer leurs armes pour mettre fin à la tactique populaire. Il n’y avait pas là de quoi crier à la trahison, Quand on ne veut pas être trahi de la sorte, il ne faut pas arriver chez les gens avec fusils et canons. Ce fut donc une absurdité que de parler de trahison. — Cependant cette clameur épandue en tout Paris décida de bien des choses, et d’abord du massacre immédiat de la plus grande partie des Suisses, dès qu’ils battirent en retraite; puis du traitement juridique que l'on prétendit appliquer au reste des Suisses faits prisonniers. Nous verrons comment les idées populaires de la première: heure furent amplifiées et aggravées par les desseins des politiciens de la Commune.
Dès le soir même du 10 août, quelques combattants, vrais