La Presse libre selon les principes de 1789

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complé, — se prennent tellement au sérieux que le sarcasme passionné et la gaieté gauloise ne montent plus « à la hauteur de ieur dédain.» Le raisonnement seul a quelques chances de mériter leur attention, à condition d’être sans fleurs , três contourné et savamment obseurci.

De préférence au mordant Camille, je ferai done parler Loustalot.

Sans doute, celui-ci manque des qualités indispensables au publiciste, dans les époques où, pour se faire écouter, l’on doit taire la moitié de ce que l’on voudrait dire et atténuer le reste. Cependant il est, parmi les journalistes de Ja révolution, presque le seul peut-être dont les articles les plus importants puissent être isolés des circonstances au milieu desquelles ils parurent, et garder de l'actuatité aussi longtemps que la liberté de la presse restera discutable. D'autre part, il possédait un style aussi sévère que sa pensée, une logique aussi rigide que son caractère, une conviction politique de la même trempe que Sa probité privée ; il vécut, non pour lui, mais pour tous, se voilant sous l’anonyme, trouvant la gloire sans la chercher, estimé de ses adversaires autant qu'adoré de ses frères d'armes; enfin , il mourut dans sa vingt-huitième année, épuisé par le