La Presse libre selon les principes de 1789

LIBRE, 135 Victor Malouet, député aux Etais-généraux par le bailliage de Riom, demande que l’impudent libelliste, Camille Desmoulins, « procureur général de la Lanterne, » soit, « après vérification des méde» cins, déclaré en éfat d’aliénation mentale et en» fermé dans une maison de fous ; » si, par hasard ledit journaliste était reconnu par la Faculté sain d'esprit et de corps, alors le plaignant réclamerait contre lui une rétractation des injures, — par trop spirituelles, — dont il l’a rendu victime, et vingt mille livres de dommages et intérêts !

Sur cette plainte, très gaie, maladroitement prise au sérieux, le tribunal accorde un permis d’assioner. Mais au moment où il s’agit de faire arriver de gré ou de force Camille Desmoulins devant le Chàtelet, le procureur du roi dit à Malouet :

— Je n'ose pas!

Et l'affaire reste en suspens.

L'Assemblée constituante s’obstinant à ne pas adopter de loi contre la presse, celle-ci continuait à pratiquer la liberté absolue, faisait retomber sur ses ennemis toutes les corruptions, tous les ridicules , toutes les violences dont ils avaient cru pouvoir la rendre victime.